An teir gwreg kablus
Les trois femmes coupables
 


I

Ann ter groeg iaouank ingrat
A ia da Rom, a galon-vad,
D' glask absolvenn digant ar Pab,
Da glask pardon euz ho fec'hat.

Pa oant gant ann hent o vonet,
Un den fur-braz ho deuz kavet;
- Aotro, blamour d'ar Bassion,
Ni a c'houlenn ann aluzon ;

Ni a c'houlenn ann aluzon,
Rag just eo hon frovision.
- Dalet, groagez, peb ' seiz gwennek,
D'ho sikour un tamm da vonet.

Bars ar ger a Rom p'arrufet,
Peb 'bater wit-on a larfet,
Dirag aoter 'r Jakobined,
'Zo en tu-deo, pa antrefet. -

II

Er ger a Rom p'int arruet,
Bonjour ha joa ho deuz laret
- Bonjour ha joa holl er ger-ma,
Ar Pab a Rom pelec'h ema ? -

- Mar eo 'r Pab a Rom a glasket,
It d'ann iliz-vraz, hen kavfet
Ema 'laret he ofern-bred,
Dirag aoter 'r Jakobined,

Dirag aoter 'r Jakobined,
'Zo en tu-deo pa antrefet. -
En iliz vraz p'int arruet,
Dour-binniget 'deuz komerret;

Dour-binniget deuz komerret,
Da dreid ar Pab int em strinket,
Hag he bardon deuz goulennet.
- Pez torfedou oc'h euz-c'hui gret?-

AR C'HENTA.

- Me a zo bet ken dinatur
Ewit laza ma c'hrouadur,
Me 'm euz lazet ma inosant,
Hep ole ha hep badeziant ! -

ANN EIL.

- Ha me, siouas ! am euz lazet
Ar vamm pini deuz ma ganet,
Hag hi c'huzet 'n ur bern-deillo,
Lec'h n'euz bet belek war hi zro ! -

ANN DERVET.

- 'Baoe ma 'z on deut war ar bed,
Meur 'govezion am euz gret ;
Nemet re-faoz n'am euz me gret,
Aoun-braz am euz d' veza daonet ! -

Ann Tad-Santel a lavare
D'ann ter groeg iaouank, p'ho c'hlewe :
- Ter groeg iaouank, em gonfortet,
P' oc'h euz anzavet ho pec'het.

Roët 'm euz pouar d'ann eskibienn
D'absolvi ann holl bec'herrienn
Hag evel-se, mar anzavet,
Gant pinnjenn, zalwet 'vefet.

Setu aze 'r wialenn-wenn
Ho rento 'n kambr ar binijenn...
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . .

Hag a-benn tri bloavez goudé,
Sekretour 'r Pab ho bisite :
- Ter-groeg iaouank, mar oc'h c'hoas beo,
Deuit ama, m'ho absolvo. -

Burzud 'beurz Doue arruet !
Ann ter groeg a oa beo bepred.
Ann aotro sekretour lare
Na d'ann ter groeg iaouank neuze :

- Ebars ar ger pa arrufet,
Dirag ho priejou 'taoulinfet;
Dirag ho priejou 'taoulinfet,
Pardon digant-he 'c'houlenfet. -

III

Bars ar ger pa 'z int arruet,
Ho friejou n'ho anveent ket,
Dre ar boan 'r binijen galet
Ha dre forz hir-hent ho doa gret :

Nag ho bugale, ker-neubeud,
Dre ann tri-chant lew he doa gret;
Ha pa 'z int bet em anvezet,
Ho c'halonou a zo rannet ;

Rag ho c'houec'h ez int desedet,
Ha d'ann ef kerkent ez int et :
Et eo ar c'houec'h pried d'ann ef,
Ha graz d'imb da vonet iwe!


Le sujet


LES TROIS FEMMES COUPABLES.

I

Les trois jeunes femmes ingrates
S'en vont à Rome, de bon coeur,
Pour demander l'absolution du Pape,
Pour implorer le pardon de leurs péchés.

Comme elles étaient en route,
Elles rencontrèrent un Homme de grande sagesse;
- Monsieur, au nom de la Passion,
Nous vous demandons l'aumône ;

Nous vous demandons l'aumône,
Car nos provisions sont presque épuisées. -
- Tenez, femmes, chacune sept sols,
Pour vous aider un peu dans votre voyage.

Quand vous arriverez dans la ville de Rome
Vous direz chacune un pater pour moi,
Devant l'autel des Jacobins,
Qui est a droite, en entrant. -

II

Arrivées dans la ville de Rome,
Elles ont dit : - bonjour et joie!
Bonjour et joie à tous dans cette ville,
Ou est le Pape de Rome ? -

- Si c'est le Pape de Rome que vous cherchez,
Allez à la grande église et vous le trouverez;
Il est à dire la grande messe,
A l'autel des Jacobins

A l'autel des Jacobins,
Qui est du côté gauche, en entrant. -
En arrivant dans l'église,
Elles ont pris de l'eau bénite:

Elles ont pris de l'eau bénite,
Et se sont jetées aux pieds du Pape,
Et lui ont demandé pardon.
- Quels sont les crimes que vous avez commis?

LA PREMIÈRE.

- Moi, j'ai été assez barbare
Pour tuer mon enfant;
J'ai tué mon innocent,
Sans qu'il ait reçu le chrême du baptême ! -

LA SECONDE.

- Et moi, pour mon malheur, j'ai tué
La mère qui me donna le jour;
Puis je l'ai cachée sous un tas de feuilles,
Où elle n'a reçu la visite d'aucun prêtre!

LA TROISIÈME.

- Depuis que je suis dans ce monde,
J'ai fait bien des confessions;
Mais toutes étaient fausses,
Et j'ai grand'peur d'être damnée

Le Saint-Père dit
Aux trois jeunes femmes, après les avoir entendues :
- Jeunes femmes, consolez-vous,
Puisque vous avez confessé tous vos péchés.

J'ai donné pouvoir à mes évêques
Pour absoudre tous les pêcheurs
Ainsi, si vous avouez,
En faisant pénitence, vous serez sauvées.

Voici une baguette blanche
Qui vous rendra dans la chambre de la pénitence...
. . . ..................................
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Trois ans après,
Le secrétaire du Pape leur rendait visite :
- Trois jeunes femmes, si vous êtes encore en vie,
Venez à moi, et je vous absoudrai. -

Miracle de la part de Dieu !
Les trois jeunes femmes vivaient encore.
Monsieur le secrétaire dit alors
Aux trois jeunes femmes :

- Quand vous arriverez chez vous,
Vous vous mettrez à genoux devant vos maris;
Vous vous mettrez à genoux devant vos maris,
Et vous leur demanderez pardon. -

Quand elles arrivèrent à la maison,
Leurs maris ne les connaissaient plus,
A cause de la peine, de la dure pénitence,
Et aussi de la longue route qu'elles avaient faite.

Et leurs enfants ne les connaissaient pas davantage,
A cause des trois cents lieues qu'elles avaient faites;
Et quand ils se sont enfin reconnus,
Leurs coeurs se sont brisés;

Et ils sont morts tous les six,
Et sont allés aussitôt au ciel :
Les six époux sont allés au ciel,
Puisssions-nous y aller aussi !


Source

Musique dans "Musiques bretonnes", de Maurice Duhamel

Paroles extraites des "Gwerziou Breiz-Izel", de François-Marie Luzel, publié en 1868
Luzel a recueilli les paroles de cette version auprès de Marie-Job Kado, en 1846.
Air recueilli par Duhamel auprès de Maryvonne Le Flem, Port-Blanc