Ar breur hag ar c'hoar (1)
Le frère et la soeur (1)
 




Selaouit holl hag a klevfet
Ur son a zo nevez savet ;
D'ur soudard yaouank ez eo graet,
A oa d'an arme partiet.

A oa d'an arme partiet,
Hag e dad zo az-dimezet.....
Pa oa e amzer achuet,
D'ar gêr ez eo bet distroet.

- Demat ha joa barzh an ti-mañ,
Ar verc'h-henañ pelec'h emañ ;
Ar verc'h-henañ eus an ti-mañ,
Oa he ano Marianna ?

- Aet eo du-se da dall ar stank,
Aet daveti, soudard yaouank ;
Hounnezh eo plac'h 'n daouliarded,
Goullit, n' veet ket refuzet.

- Penaos monet da dall-ar-stank,
Biskoazh na on bet enni frank !
It d'an traoñ gant ar vali-c'hlaz,
Hag a klevfet trouz hi golvazh ;

It d'an traon gant an ale frank,
Hag ho rento e-tal ar stank.
- Demat deoc'h, plac'hig o kannañ !
Kannañ a ret gwenn, a gredan ?

C'hwi a gann gwenn hag a wask stenn,
C'hwi gannfe din ma rokedenn !
- Na gannan gwenn, na waskann stenn ,
N' gannfen ket deoc'h ho rokedenn

- Plac'hig koant, din-me lavaret,
C'hwi brestfe din daouliarded ?
- O salv-ho-kras, ma iskuset,
N'on ket plac'h an daouliarded ;

N'on ket plac'h an daouliarded,
Nag ar gwenneienn ker neubed :
Me 'm eus ur breurig en pell-bro,
Ha mar klevfe ho rezonioù :

O ! ya, mar klevfe ho komzoù,
A vreofe deoc'h ho holl vemproù ! -
- Plac'hig yaouank, din lavaret,
C'hwi 'n eus ho preur anavezet ?

- Salv-ho-kras, siwazh ! n'am eus ket,
Me oa re yaouank pa oa aet ;
Me oa re yaouank em zoutou
Pa yeas ma breur er-maez ar vro.

Me oa yaouankik em c'havell,
Pa yeas ma breurig d'ar brezel ;
Me a oa c'hoazh yaouankik-mat.
Pa yeas ma breur a di ma zad.

- Plac'hig yaouank, din-me laret,
A c'hwi a garje hen gwelet ?
A greiz kalon hen goulennan,
Me garje 'vije bet amañ !

Leusket ho kolvez gant an dour ,
Hag ho saon gant an dinamour (2) ;
Hag ho saon da vonet da c'heul,
Ha deut da vriata ho preur !

Ho lez-vamm a doa din laret
Ez oac'h plac'h an daou-liarded,
Ez oac'h plac'h an daou-liarded,
Bremañ welan mat n'ez oc'h ket !

Kriz 'vije 'r galon na ouelje
E-tal ar stank nep a vije,
O welet ar breur hag ar c'hoar
En em vriata gant glac'har ;

En em vriata gant glac'har,
Kouezañ raint o-daou d'an douar !
Ecoutez tous, et vous entendrez
Une chanson nouvellement composée ;
Elle a été faite à un jeune soldat,
Qui était parti pour l'armée.

Il était parti pour l'armée,
Et son père s'est remarié.....
Quand son temps fut achevé,
Il retourna à la maison.

- Bonjour et joie dans cette maison,
Où est la fille aînée ;
La fille aînée de cette maison,
Qui avait nom Marianne? -

- Elle est allée là-bas à l'étang,
Allez la rejoindre, jeune soldat ;
C'est la fille aux deux liards (1),
Demandez, vous ne serez pas refusé. -

- Mais comment aller à l'étang,
Car jamais je n'y ai été? -
- Descendez l'avenue verte,
Et vous entendrez le bruit de son battoir :

Descendez la large avenue,
Elle vous conduira près de l'étang. -
- Bonjour à vous, jeune fille qui lavez !
Vous lavez blanc, il me semble ?

Vous lavez blanc, vous tordez roide,
Voudriez-vous me laver mon gilet ?
- Je ne lave pas blanc, je ne tords pas roide,
Je ne vous laverai point votre gilet.

- Charmante jeune fille, dites-moi,
Voulez-vous me prêter des deux liards ?
- Oh ! sauf votre grâce, excusez-moi,
Je ne suis pas la fille aux deux liards ;

Je ne suis pas la fille aux deux liards,
Pas davantage la fille aux sols :
J'ai un frère chéri en pays lointain,
Et s'il entendait vos raisons,

Oh ! oui , s'il entendait vos paroles,
Il vous broierait tous les membres !
- Jeune fille, dites-moi,
Avez-vous connu votre frère ?

- Sauf votre grâce, hélas ! je ne l'ai pas connu,
Car j'étais trop jeune quand il partit ;
J'étais trop jeune, dans mon toutou (berceau),
Quand mon frère quitta le pays.

J'étais toute jeune dans mon berceau,
Quand mon frère chéri alla à la guerre ;
J'étais encore bien jeune,
Quand mon frère quitta la maison de mon père.

- Jeune fille, dites-moi,
Voudriez-vous le revoir ?
- De tout mon coeur, je le demande,
Je voudrais qu'il fût ici ! -

- Laissez aller votre battoir sur l'eau,
Et votre savon au courant ;
Laissez votre savon aller à sa suite,
Et venez dans les bras de votre frère !

Votre marâtre m'avait dit
Que vous étiez fille à deux liards ;
Que vous étiez fille à deux liards,
Et je vois clair à présent que vous ne l'êtes pas!

Dur eût été le coeur de celui qui n'eût pleuré,
Etant auprès de l'étang,
En voyant le frère et la soeur
S'embrasser avec douleur (avec bonheur);

S'embrasser avec bonheur,
Et tomber ensemble à terre !



Le sujet


Voir la traduction

Notes de Luzel

(1) Fille de mauvaise vie.

(2) Les chanteurs prononcent presque tous dinamour ou diamour ; mais ces mots sont une corruption évidente pour dinaoudour, composé de dinaou, pente, et de dour, eau, courant de l'eau.


Source

Paroles extraites des "Gwerziou Breiz-Izel", de François-Marie Luzel, publié en 1868
Pour une fois, Luzel ne cite pas sa source
Air recuilli par Duhamel auprès de Maryvonne Le Flem, de Port-Blanc. Il note : je ne comprends rien à ce refrain qui doit être l'altération d'une phrase française. Maryvonne Le Flem ne sait pas le français