Ar plac'h he daou bried (3)
La fille aux deux maris (3)
 




I

Ann dersienn ' zo ganin a euz ma gwall-aozet.
- Mar karfeac'h dibri boued goude ' pe hi c'hrenet ;

Mar karfeac'h dibri boued goude ' pe hi c'hrenet,
Krenvoc'h ' ve ho kalon da stourmi euz 'r c'hlenved. -

- Me am euz ul lezvamm hag a zo kriz meurbet,
Diou, ter heur ' rok ann de, siouas ! me ' ve zavet ;

Diou, ter heur ' rok ann de, siouas! me ' ve zavet,
Da vont da gerc'had dour da feunteun 'r Waz-c'halek.

Ann noz a oa gwall-du, ann dour ' oa strawillet,
Gant marc'h ur c'havalier o tont euz ann Naonet :

Hag hen ' c'houll diganin : - Plac'hik, ha c'hui 'zo dimet ? -
Ha me oe sot a-walc'h da laret na oann ket.

Hag hen kregi em dorn, m' c'hass gant-han d' 'r valanek,
Lakad d'in war ma barlenn un daou pe dri c'hant skoed ;

Lakad d'in war ma barlenn un daou pe dri c'hant skoed,
Ur mouchouar koton, ur walenn alaouret :

- It-c'hui d'ar ger, plac'hik, da laret 'z oc'h dimet,
A-benn seiz vloaz ama me deui c'hoaz d'ho kwelet. -

II

- Pa oann en Keridon m' mestres, ' tont d'ho kwelet,
Me a glewe sklezr-mad sonerienn ho eured.

Digorrit d'in ho tor, plac'hik newez-eureujet,
Brid ma marc'h ' zo torret, ma fajik ' zo kollet. -

- N' digorrinn ket ma dor d'ac'h na da zen a-bed,
Me ' zo aman kousket euz koste ma fried;

Me ' zo aman kousket euz koste ma fried,
Ha mar hen dishunvann, on sur bout skandelet..... -

P' oa digorret ann or, alumet ar goulaou,
Eno sur a rannas ho c'halonou ho daou !
I

J'ai la fièvre, et elle m'a fort malmenée.
- Si vous vouliez manger après l'avoir tremblée

Si vous vouliez manger après l'avoir tremblée,
Votre cœur aurait plus de force pour résister au mal. -

J'ai une marâtre qui est bien dure,
Deux, trois heures avant le jour, hélas ! je suis levée :

Deux, trois heures avant le jour, hélas ! je suis levée,
Pour aller chercher de l'eau à la fontaine de Gwashalec.

La nuit était bien noire et l'eau était troublée,
Par le cheval d'un cavalier qui revenait de Nantes :

Et lui de me demander : - Jeune fille, êtes-vous mariée? -
Et moi, je fus assez sotte pour lui dire que je ne l'étais pas.

Et lui de me prendre par la main et de me conduire dans une genêtaie,
Et de me mettre sur les genoux deux ou trois cents écus;

Et de me mettre sur les genoux deux ou trois cents écus,
Avec un mouchoir de coton et un anneau doré :

- Retournez à la maison, jeune fille, et dites que vous êtes mariée ;
Au bout de sept ans, je reviendrai vous voir. -

II

- Comme j'étais à Keridon, ma maîtresse, revenant vous voir,
J'entendais clairement les sonneurs de votre noce.

Ouvrez-moi votre porte, jeune femme nouvellement mariée,
La bride de mon cheval est rompue et mon page s'est égaré. -

- Je n'ouvrirai ma porte ni à vous, ni à nul autre,
Je suis ici couchée à côté de mon mari;

Je suis ici couchée à côté de mon mari,
Et si je le réveille, il m'en voudra..... -

Quand la porte fut ouverte et la lumière allumée,
Leurs coeurs à tous les deux se brisèrent aussitôt ! (1)



Le sujet


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Notes de Luzel

(1) Rapprocher cette pièce et la précédente de celle du Barzaz-Breiz : Ar breur mager (Le frère de lait)


Source

Paroles extraites des "Gwerziou Breiz-Izel", de François-Marie Luzel, publié en 1868
Chanté par Marie-Louise LOYER.

Musique dans "Musiques bretonnes", de Maurice Duhamel. Chanté par Maryvonne Nicol, de Plouguiel

Je suis conscient qu'il n'y a aucun rapport entre les paroles de Luzel et celles données par Duhamel...