An intañvez paour (2)
La pauvre veuve (2)
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Mar plij ganac'h a selaoufet
Ur werz a zo newez savet;
D'un intanvez iaouank eo gret,
A zo 'newez marw hi friet,
Hi fried-paour newez-maro,
M'ia 'nn intanvez da vale-bro;
M'ia er bloa-ma da glask hi boed;
Da di hi aotro ez eo et.
- En han' Doue un tamm bara;
N'am euz bet elwenn en de-ma,
Rag am euz tri a vugale,
N'am euz bruzunn da reï d'ez-he! -
- Na mar t'euz tri a vugale,
Kerz d'ar ger, laz un ann ez-he;
Kerz d'ar ger, laz unann a dri,
'Wit reï d'ar re-all da zebri! -
Ann intanvez paour 'z ia d'ar ger,
Evel un den en disesper;
Ann intanvez paour 'z ia d'ar ger,
En aviz lazan hi bugel.
- 'N han' Doue, mamm, un tamm bara!
- N'hon euz bet elwenn en de-ma;
N'hon euz bet elwenn en de-ma,
Prest eo hon c'halon da faïa!
- A be-lec'h 'rofenn d'ac'h bara?
Ha na euz tamm bars ann ti-ma!
Na euz tamm ebars ann ti-ma,
Me ia gant m' c'houtell d'ho laza!
Ur bugel bihan oa en ti,
Oajet a daou viz, n'oa ket tri,
E-meaz he gawell eo lampet,
'N kichenn he vamm 'eo daoulinet.
Burzud! hag hen euz bet komzet:
- 'N han Doue! mamm, n'hon lazet ket,
Me iel' wit ar bloa da glask boed,
Lec'h bikenn james n'am gwelfet.
'Nn intanvez paour' ia 'n hi gwele,
O klewet 'vel ma prezege;
Et 'n hi gwele, manet kousket,
'R Werc'hes en ti zo antreet:
Antrenn ra ar Werc'hes en ti,
Ha seiz goulou-koar dira-z-hi:
War ann daol ho deuz-hi pozet,
Da gichenn ar c'hawel eo et.
'Nn intanvez paour a c'houlenne,
Di-war hi c'hilinn, 'n hi gwele:
- Petra 'zo d'ar c'houlz-ma ann noz,
P'on et em gwele da repoz ! -
- M' eo intanvez, ar Warc'hes sakr,
'Zo deut a-beurz Doue, hi mab,
Wit n' lazfet ket ho pugale,
Rag beza 'po bara d'ez-he;
Rag beza 'po bara d'ez-he
Ha d'ac'h ho unann 'po iwe:
Ann ed hadaz 'nn aotro 'r beure,
A vezo daro kent ann de. -
- Segal daro d'ann Nedelek,
Pez biskoas den na euz gwelet
- It-c'hui d'ar park ha medet-han,
Digasset d'al leur, dornet han.
Kasset-han d'ar forn, poazet-han,
Ha pa vezo poaz ar bara,
Kasset 'n tamm d'ez-han da dava,
Met n' gasset ket nemeur d'ez-han;
Met n' gasset ket nemeur d'ez-han,
Hennes vo he damm diweza!
- Dalet m' aotro, un tamm bara,
Segall-newez wit ar bloa-ma! -
- Pa vez bikenn hen laret din,
Eo bara-newez offrez din;
Eo bara-newez offrez din,
Na oufenn bikenn da gredi.
Pajik, pajik, ma faj-bihan,
Te 'zo dilijant ha buhan,
Prepar din-me ma inkane
Ma 'z inn da c'houd ar wirione. -
En leur 'nn intanvez p'eo arruet,
Ann ed 'n deuz gwelet goustellet:.....
Ann douar endann-han 'zo rannet,
'N kreiz punz ann ifern 'z eo kouezet!
Kriz vije kalon nep vije
'N leur 'nn intanvez, mar na oelje,
O welet c'hoas ann den brutal
'Sevel he benn war-c'hore 'nn douar;
'Sevel he benn war-c'hore 'nn douar,
Hag o lavaret gant glac'har:
- Ma zudou kez, mar am zentet,
'Nn aluzon d'ar paour a rofet! -
Le sujet
LA VEUVE PAUVRE.
S'il vous plaît, vous écouterez
Un gwerz nouvellement composé;
Il a été fait à une jeune veuve,
Dont le mari est mort dernièrement.
Le mari est mort dernièrement,
Et sa veuve va mendier par le pays;
Il lui faut aller mendier son pain, cette année,
Et elle va chez son propriétaiere.
-- Au nom de Dieu, un morceau de pain;
Je n'ai rien mangé de la journée,
Et j'ai à la maison trois enfants,
Et rien à leur donner ! -
- Si tu as trois enfants,
Retourne à la maison et tues-en un:
Retourne à la maison et tue un des'trois,
Pour donner aux autres à manger ! -
La pauvre veuve s'en retourne chez elle,
Comme une femme désespérée;
La pauvre veuve s'en retourne chez elle,
Dans l'intention de tuer son enfant.
- Au nom de Dieu, mère, un peu de pain !
Nous n'avons rien eu de la journée;
Nous n'avons rien eu de la journée!,
Et notre cceur est prêt de défaillir ! -
- Et d'où pourrais-je vous donner du pain ?
Il n'y en a pas le moindre morceau dans la maison
Il n'y en a pas le moindre morceau dans la maison,
Je vais vous tuer avec mon couteau! -
Un jeune enfant était dans la maison,
Agé de deux mois, pas encore trois,
Et il a sauté de son berceau,
Et s'est mis à genoux devant sa mère.
Miracle! et il s'est mis à parler :
- Au nom de Dieu, mère, ne nous tuez point,
J'irai dans l'année chercher mon pain,
Là où jamais vous ne me verrez! -
La pauvre veuve se met au lit,
Etonnée de le voir parler ainsi;
Elle s'endort dans son lit,
Et la Sainte-Vierge entre dans la maison :
La Sainte-Vierge entre dans la maison,
Précédée de sept cierges :
Elle place les cierges sur la table,
Et se rend près du berceau :
La pauvre veuve demandait,
Appuyée sur son coude, dans son lit
- Qu'y a-t-il là, à cette heure de la nuit,
Quand je repose dans mon lit? -
- C'est moi, veuve, la Sainte-Vierge,
Qui viens de la part de Dieu, mon fils,
Pour vous empêcher de tuer vos enfants,
Car vous aurez du pain à leur donner;
Vous aurez du pain à leur donner,
Et vous en aurez aussi pour vous-même.
Le blé que votre propriétaire ensemença ce matin,
Sera mûr avant le jour. -
- Du seigle mûr à Noël
Jamais personne n'a vu pareille chose.
- Allez au champ et coupez-le,
Puis vous l'apporterez sur l'aire et le battrez.
Portez-le ensuite au four, pour cuire;
Et quand le pain sera cuit,
Portez-en un morceau au propriétaire, pour goûter,
Mais ne lui en portez pas beaucoup;
Ne lui en portez pas beaucoup,
Car ce sera là son dernier morceau!
- Tenez, maître, un morceau de pain,
Fait avec du seigle nouveau de cette année
- Et quand tu me le dirais éternellement,
Que c'est du pain nouveau que tu m'offres;
Que tu m'offres du pain nouveau,
Non, jamais je ne te croirai.
Page, page, mon petit page,
Toi qui es alerte et vif,
Prépare moi ma haquenée,
Je veux savoir la vérité. -
Arrivé sur l'aire de la veuve
Il a vu le blé en meules.....
La terre s'est entr'ouverte sous ses pieds,
Et il est tombé au milieu du puits de l'enfer!
Dur eût été le coeur de celui
Qui n'eut pleuré, sur l'aire de la veuve,
En voyant encore l'homme brutal
Levant la tête hors de la terre;
Levant la tête hors de la terre
Et disant avec douleur :
- Mes pauvres gens, si vous m'en croyez,
Vous donnerez l'aumône au pauvre ! -
Source
Musique dans "Musiques bretonnes", de Maurice Duhamel
Paroles extraites des "Gwerziou Breiz-Izel", de François-Marie Luzel, publié en 1868
Luzel a recueilli les paroles de cette version auprès d'une vieille mendiante, de Plounevez-Moëdec, en 1854.
Air recueilli par Duhamel auprès de Menguy et Léon, de Carhaix
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