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Le sujetL'ENFANT DE CIRE. PREMIÈRE VERSION. I Si voulaient les habitants de Tréguier Tenir bien close la porte de leur église, Un enfant de cire n'y aurait pas Eté baptisé au clair de la lune. II La nourrice demandait, Un jour à monsieur de Penfeunteun: - Dites-moi, s'il vous plaît, D'où vous revenez ? - - Je reviens de la grande rue, Je reviens d'acheter une robe de satin bleu, Brodée tout autour avec du fil d'argent, Pour ma penhérès (1), la charmante fille. - Si vous entendiez ce que je sais, moi, Jamais elle ne mettrait cette robe; Jamais elle ne mettrait cette robe, Ni vos yeux ne la reverraient. Votre fille a fait un enfant de cire, Pour vous faire partir de dessus la terre; Elle a fait un enfant de cire, Pour vous envoyer promptement au cimetière Elle l'a porté neuf mois entiers Entre sa chemise et sa jupe; Elle l'a porté pendant neuf mois Entre sa jupe et sa chemise. - Le vieux monsieur, entendant cela, Est accouru vite à la maison : - Ma fille, donnez-moi vos clefs, Pour que les mauvaises langues soient confondues! La penhérès, à ces mots, Est tombée trois fois à terre; Trois fois à terre elle est tombée, Et sa marâtre l'a relevée Sa marâtre l'a relevée Et lui a parlé ainsi : - Donnez vos clefs à votre père, Pour que les mauvaises langues soient confondues. (1) penhérès, fille unique. - La clef de mon armoire, je l'ai perdue, La clef de l'arche, je l'ai cassée; La clef de l'arche, je l'ai cassée, Et je n'ai aucune autre clef. - Monsieur de Penfeunten, courroucé, A saisi une hache; Il a mis l'arche en pièces, Et l'enfant de cire a été découvert. Il était enveloppé de langes, Et avec lui était une bourse de cent écus, Pour donner au prêtre sacrilège Qui avait baptisé l'enfant. Trois fois par jour elle le levait, Et trois fois par jour elle le piquait; Quand elle y enfonçait des épingles, Monsieur avait des points de côté; Quand elle y enfonçait de grandes épingles, Il éprouvait une douleur au coeur; Et quand elle le chauffait au feu, Monsieur maigrissait, maigrissait III Monsieur de Penfeunteun disait A sa fille unique, peu après : - Dimanche, après la grand'messe, Penhérès, vous serez brûlée! - - Oui, mon père, je serai brûlée, Et je porterai moi-même le bois - Non, vous ne porterez pas le bois, Car vous serez conduite sur une charrette. IV L'enfant de cire, la penhérès, Le parrain et la marraine, Tous les quatre ont été brûlés, Devant tout le peuple assemblé: Devant tout le peuple assemblé, Tous les quatre ont été brûlés; Le jeune prêtre a été désacré, Puis aussitôt il a eu la tête coupée. Le vieux monsieur pleurait dru, Et s'arrachait les cheveux blancs, En voyant brûler sa fille, Car il n'avait d'autre enfant qu'elle! Recueillie par Prosper Proux, à Plouigneau
SourceMusique dans "Musiques bretonnes", de Maurice Duhamel Paroles extraites des "Gwerziou Breiz-Izel", de François-Marie Luzel, publié en 1868 |