Fantig ar Pikart (2)
Françoise Picart (2)
 




I
'Nn itron a Lezhildri, 'r vroeg-vad,
A zavaz un de, beure-mad ;
A zavaz un de, beure-mad,
Hag a deveuz gret ur c'havad.

Arruet er ger 'l levrenn-wenn
Gant-hi 'r plac'h-bihan 'dreuz 'n hi fenn,
Hag ur c'horf lienn hen pakan,
Hano Fant 'r Pikart war-n-ezhan .

'Nn itron a Lezhildri lare
D'hi faotr marchosi, en de-se :
Dibret d'in-me ma inkane,
M'inn d'am mereriou da vale ;

Dibret d'inn ma inkane gwenn,
Laket brid arc'hant en he benn,
M'inn da vereuri Lezhildri,
Pell-zo na on ket bet en-hi. -

II
'Nn itron Lezhildri a lare,
'N ti 'r Pikart-koz pa arrue :
- Ma c'homper, d'inn-me lavaret,
Pelec'h emedi ho merc'hed ?

- Diou 'zo war al lenn, o kanna.
Diou-all o lakad da zec'ha ;
Diou-all o lakad da zec'ha;
Ha diou-all 'zo o tiwaska ;

Nemet hounnes, ho fillores,
'Zo war hi gwele klanvoures. -
'Nn itron Lezhildri a lare
D' Fantik Pikart eno, neuze :

- 'Baoue pegoulz, ma fillores,
Ma 'z oc'h c'hui em gavet dies ? -
- 'Baoue 'r mintinn-ma, maerounes,
Ez on-me chomet klanvoures.

- Ma fillores, din-me laret,
Pelec'h 'man ar boan a zoufret ? -
- Ur boan ar vrasa 'm euz em penn ,
Siouas ! d'am c'halon a tiskenn. -

'Nn itron Lezhildri a lare
D' Fantik 'r Pikart eno neuze :
- Lakit ewes, ma fillores,
Na veac'h-c'hui bet ur vuntreres ! -

- Ma maerounes, petra laret!
Me n'am euz bloaz nemet c'houezek !
Et oc'h are war ar bidet,
Ha n'oc'h euz ket lec'h da vonet ;

Ha n'oc'h euz ket lec'h da vonet,
Rag den honest eo ho priet. -
. . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . .
'Nn itron Lezhildri a lare,
Euz ti 'r Pikart e-meaz pa 'z ee :
Ha pa goustfe d'in pemp-kant skoed,
Fantik ar Pikart vo krouget !

III
Fantik ar Pikart a lare,
'R vaz huella 'r skeul pa bigne :
- Me well 'c'hann noblanz Lezhildri,
Me garrie 'nn tan euz hen dewi !

Me garrie 'nn tan euz hen dewi,
Ann aotro 'n he greiz o loski ;
Ann aotro 'n he greiz o loski.
Rag hennes a zo kiriek d'in !

P' vijenn kasset d'ann ofern-bred,
En Lezhildri vijenn kavet ;
Me a vije en Lezhildri,
Ebars ar c'hambriou, pe en ti ;

O c'hoari 'nn dinz llag ar c'hartou,
'Sambles gant bugale 'nn aotrou ;
Pa vijemp skuiz c'hober 'r jeu-ze,
Ni gouske hon daou 'n ur gwele ! -
I
La dame de Leshildri, la bonne dame,
Se leva un jour de bon matin ;
Elle se leva un jour, de bon matin,
Et fit une trouvaille.

Sa levrette blanche arriva à la maison,
Portant une petite fille à travers dans la bouche ;
Une petite fille emmaillotée dans un linge,
Sur lequel se trouvait le nom de Françoise Picart.

La dame de Leshildri disait,
Ce jour-là, à son garçon d'écurie :
Sellez-moi ma haquenée,
Pour aller me promener à mes métairies ;

Sellez-moi ma haquenée blanche,
Mettez-lui sa bride d'argent en tête,
Je veux aller à ma métairie de Leshildri,
Il y a longtemps que je n'y suis allée. -

II
La dame de Leshildri disait,
En arrivant chez le vieux Picart :
- Dites-moi, compère,
Où sont allées vos filles ?

- Deux sont sur l'étang, à laver,
Deux autres font sécher le linge ;
Deux autres font sécher le linge,
Et deux autres sont occupées à le tordre ;

Mais celle-là , votre filleule,
Est malade dans son lit. -
La dame de Leshidri disait
A Françoise Picart, en ce moment :

- Depuis quand, ma filleule,
Vous êtes-vous trouvée mal ? -
- Depuis ce matin, ma marraine,
Je suis restée malade. -

- Ma filleule, dites-moi,
Où est le mal dont vous souffrez ! -
- Je souffre beaucoup de la tête,
Hélas ! et le mal descend jusqu'à mon coeur. -

La dame de Leshildri disait
Alors à Françoise Picart :
- Prenez garde, ma filleule,
Que vous n'ayez commis un meurtre ! -

- Ma marraine, que dites-vous ?
Et moi qui n'ai que seize ans !
Vous êtes encore montée sur le bidet,
Et vous n'en avez pas de raison ;

Vous n'avez pas de raison de le monter,
Car votre mari est un honnête homme. -
. . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . .
La dame de Leshildri disait
En sortant de la maison de Picart :
- Dût-il m'en couter cinq cents écus,
Françoise Picart sera pendue ! -

III
Françoise Picart disait,
Arrivée au dernier degré de l'échelle :
- Je vois d'ici le manoir de Leshildri,
Et je voudrais que le feu le consumât !

Je voudrais y voir le feu,
Et le seigneur brûler au milieu ;
Le seigneur brûler au milieu,
Car c'est lui qui est cause (de ma mort) !

Quand on m'envoyait à la grand-messe,
C'est à Leshildri qu'on m'aurait trouvée ;
Cest à Leshildri que j'étais,
Dans les chambres ou dans la maison ;

A jouer aux dés et aux cartes,
Avec les fils du seigneur ;
Et quand nous avions assez de ce jeu,
Nous couchions ensemble dans le même lit ! -



Le sujet


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Source

Paroles extraites des "Gwerziou Breiz-Izel", de François-Marie Luzel, publié en 1868
Chanté par Marie-Josèphe Kerival, domestique à Keramborgne, en 1849.

Musique dans "Musiques bretonnes", de Maurice Duhamel. Chanté par Maryvonne Nicol, de Plouguiel