Me 'm eus bet ul lez-vamm na n'eus hini war ar bed
Le sujetNotes et élucubrations des auteurs et de Bourgault-Ducoudray Nous ne croyons pas que ce gwerz soit complet, car il ne présente ni action dramatique développée, ni conclusion. Une jeune fille maltraitée par une marâtre a perdu son honneur et refusé de boire avec celui qui l'a trompée et qu'elle n'aime pas, voilà tout ! Aussi n'y attachons-nous aucune importance comme composition littéraire ; nous ne la citons que pour l'air sur lequel il nous a été chanté. On peut remarquer d'abord qu'il comprend des vers de 13 syllabes dont le premier hémistiche n'en a que 6, tandis qu'il en compte 7 habituellement. Sur l'air nous ferons les réflexions suivantes : dans l'introduction de son " Recueil de 30 mélodies populaires de la Basse-Bretagne ", M. Bourgault-Ducoudray signale les rapports frappants qu'il a trouvés entre les chansons populaires bretonnes et celles de la Grèce. L'auteur s'exprime ainsi, page 11 : "Je dois tout d'abord établir une distinction entre les mélodies des pays où l'on parle Gallo, c'est-à-dire un
français corrompu, et celles du pays bretonnant. Le Gallo est un patois, le Breton est une langue. Les mélodies
que j'ai recueillies dans le pays du patois (la partie orientale des Côtes-du-Nord) n'ont pas le caractère d'une race
pure. Il en est de charmantes, mais elles accusent un mélange d'inspiration bretonne et d'inspiration française. Ce
sont des mélodies demi-sang.
Nous devons signaler un fait qui confirme, non seulement l'appréciation de M. Bourgault-Ducoudray, mais donnera peut-être à sa théorie une portée plus grande qu'il ne l'a pensé : en entendant l'air du gwerz ci-dessus, nous avons été frappé par sa ressemblance avec un air chinois rapporté par M. Pouligo, Capitaine d'Infanterie de marine, tué au Tonkin, et que j'ai noté au no 39 bis. Nous ajouterons que le même officier a recueilli un certain nombre de mots tonkinois qui sont presqu'identiques avec des mots bretons de même signification : marc'h et mah en tonkinois ; "eau", dour en breton et dou ou douh en tonkinois ; tan, "feu", dans les deux idiomes. Ainsi, rapports frappants de musique et de langage entre ces deux pays placés aux antipodes l'un de l'autre. Les linguistes admettent aujourd'hui qu'une langue indo-européenne commune a existé en Europe et a pris son origine en Asie Centrale, ou plutôt dans l'Inde proprement dite, où l'on place le berceau du genre humain. De ce qui précède, on peut induire que la langue hindoue a essaimé aussi en Asie. Nos missionnaires ont d'ailleurs remarqué maintes fois que de tous les idiomes européens actuels, le breton est celui qui offre le plus de rapports avec la langue actuelle des Hindous qui dériverait de la langue mère primitive. C'est là encore un fait curieux qu'il conviendrait de constater. chanté par Mme LE BRAZ, de Pontrieux
Source"Kanaouennoù Pobl", chansons recueillies par Alfred Bourgeois dans la deuxième moitié du XIXème siècle ; le recueil a été publié en 1959 à Paris |