Iannik Skolan (2)
Jean Scolan (2)
 

Iannik Skolan hag he baeron
'Zo deut ho daou da c'houll pardon,
Da c'houll pardon dioc'h Doue,
Remision wit ho ine.

En ti he vamm p'eo arruet,
Digant-hi hen euz goulennet :
- Noz vad ha joa holl en ti-ma,
Et eo 'nn dut da gousket ama ? -

- Piou 'zo aze d'ar c'houls-ma 'nn noz,
P'on et em gwele da repoz ? -
- Savet, ma mamm, da c'houeza 'nn tan,
C'hui 'welo daou e-lec'h unan. -

Ar golo pa deuz enaouet,
Ter-gwes d'ann douar eo koezet.
- Savet, ma mamm, na spontet ket
Dirag ar mab ho euz ganet.

Euz tan 'r purkator a teuan,
Da dan ann ifern eo ez an ;
Da dan ann ifern da leski,
Mar na deuet d'am pardoni.

Me 'zo deut d' c'houll pardon Doue,
Ha remision ma ine. -
- Penaos, ma mab da bardoni,
Sonj er maleuriou t'euz gret d'in !

Laza da dad, pa oa kousket,
Gwalla ter euz da c'hoarezed ! -
- Pa on pardonet gant Doue,
Ma mamm, ma fardonet iwe !

Ma mamm, me oar er-vad am euz,
Siouas, dre valeur ha dre reuz ;
Met p'on pardonnet gant Doue,
Ma mamm, ma fardonet iwe ! -

- Penaos, ma mab, da bardoni ?
Sonj er maleuriou 't'euz gret d'in,
Lakad ann tan en nao bern-ed,
Ha ma lakad da glask ma boed ! -

- Ma mamm, me oar er-vad am euz,
Siouas ! dre valeur ha dre reuz ;
Met p'on pardonet gant Doue
Ma mamm, ma fardonet iwe ! -

- Penaos, ma mab, da bardoni ?
Sonj er maleuriou 't'euz gret d'in ;
Laket ann tan bars an ti-forn,
Dewet tric'houec'h a loened-korn ! -

- Ma mamm, me oar er-vad am euz,
Siouas, dre valeur ha dre reuz !
Pa on pardonet gant Doue,
Ma mamm, ma fardonet iwe. -

- Penaos, ma mab, da bardoni ?
Sonj er maleuriou 't'euz gret d'in ;
Laeret ar c'houriz en Gwengamp,
Ar chapelet, ar groaz arc'hant ! -

- Ma mamm, me oar er-vad am euz,
Siouas ! dre valeur ha dre reuz ;
Met p'on pardonet gant Doue ,
Ma mamm, ma fardonet iwe. -

- Penaos, ma mab, da bardoni ?
Sonj er maleuriou 't'euz gret d'in ;
Sonj er maleuriou 't'euz d'in gret,
Ma levr-bihan a t'euz kollet !

N'eo ket ma levr c'hoas ar gwasa,
Ma chapelet, a oa en-han ! -
- Tawet, ma mamm, na oelet ket,
Ho levr-bihan n'e ket kollet !

Ho levr-bihan n'e ket kollet,
Digorit ho armel hen gwelfet ;
It d'ho armel hag hen gwelfet,
Ter feillen en-han efaset ;

Unan gant dour, un' all gant goad,
Un' all gant daero m' daoulagad ! -
Hi armel pa deuz digoret,
Euz hi mab Iann 'eo dizroët :

- Tec'h al lec'h-se, pell diouzin,
Kerz da dan 'nn ifern da leski ! -
- Pa on pardonet gant Doue,
Ma mamm, ma fardonet iwe ! -



Le sujet


Jean Scolan

Jean Scolan et son parrain
Sont venus tous les deux demander pardon ;
Demander le pardon de Dieu,
Et rémission pour leurs âmes.

En arrivant chez sa mère,
Il lui a dit :
- Bonne nuit et joie à tous dans cette maison ;
Est-on allé se coucher ici ? -

- Qui est là, à cette heure de la nuit,
Quand je repose dans mon lit ? -
- Levez-vous, ma mère, pour souffler le feu,
Et vous verrez deux, au lieu d'un. -

Quand elle eut allumé la chandelle,
Elle tomba trois fois à terre.
- Calmez-vous, ma mère, ne vous effrayez point,
En voyant le fils que vous avez mis au monde.

Je viens du feu du purgatoire,
Et je vais au feu de l'enfer ;
Je vais briller dans le feu de l'enfer,
Si vous ne voulez me pardonner.

Je suis venu demander le pardon de Dieu,
Et la rédemption de mon âme. -
- Et pomment te pardonner, mon fils ?
Songe à tout le mal que tu m'as fait !

Tu as tué ton père, pendant qu'il dormait,
Et violé trois de tes soeurs ! -
- Puisque Dieu m'a pardonné,
Ma mère, pardonnez-moi aussi !

Ma mère, je sais bien que je l'ai fait,
Hélas ! par malheur et par méchanceté ;
Mais puisque Dieu m'a pardonné,
Ma mère, pardonnez-moi aussi !

- Et comment, mon fils, te pardonner ?
Songe à tout le mal que tu m'as fait !
Mettre le feu à neuf meules de blé,
Et me forcer à aller mendier mon pain !

Ma mère, je sais bien que je l'ai tait,
Hélas ! par malheur et par méchanceté ;
Mais puisque Dieu m'a pardonné,
Ma mère, pardonnez-moi aussi !

- Et comment, mon fils, te pardonner ?
Songe à tout le mal que tu m'as fait :
Tu as mis le feu au fournil,
Et brûlé sept bêtes à cornes ! -

- Ma mère, je sais bien que je l'ai fait,
Hélas ! par malheur et par méchanceté !
Mais puisque Dieu m'a pardonné,
Ma mère, pardonnez-moi aussi. -

Comment, mon fils, te pardonner ?
Songe à tout le mal que tu m'as fait :
Tu as volé la ceinture à Guingamp,
Le chapelet et la croix d'argent ! -

- Ma mère, je sais bien que je l'ai fait,
Hélas ! par malheur et par méchanceté ;
Mais puisque Dieu m'a pardonné,
Ma mère, pardonnez-moi aussi ! -

- Comment, mon fils, te pardonner ?
Songe à tout le mal que tu m'as fait :
Songe à tout le mal que tu m'as fait,
Tu m'as perdu mon petit livre !

Ce n'est pas encore mon livre que je regrette le plus,
Mais mon chapelet, qui s'y trouvait ! -
- Consolez-vous, ma mère, ne pleurez pas,
Votre petit livre n'est pas perdu !

Votre petit livre n'est pas perdu,
Ouvrez votre armoire et vous le verrez ;
Allez à votre armoire et vous le verrez,
Avec trois feuilles effacées ;

Une par l'eau, une autre par le sang,
Et la troisième par les larmes de mes yeux ! -
Elle a ouvert son armoire,
Et se retournant vers son fils Jean

- Retire-toi loin de moi,
Va-t'en brûler dans les feux de l'enfer ! -
- Puisque Dieu m'a pardonné,
Ma mère, pardonnez-moi aussi ! -

Même thème que Yannig Skolan, dans le Barzaz Breiz


Source

Musique dans "Musiques bretonnes", de Maurice Duhamel

Paroles extraites des "Gwerziou Breiz-Izel", de François-Marie Luzel, publié en 1868

Luzel a recueilli les paroles de cette version auprès de Marie Audern, de Pluzunet, en 1867 ; air recueilli par Duhamel auprès d'Augustine Malo, de Ploëazal (l'air ne correspond pas exactement au texte, les vers n'ont pas le même nombre de pieds)