Jezuz ! Pegen bras eo
Le sujetJésus ! combien est grand le bonheur des âmes, quand elles sont devant Dieu, et dans son amour ! Je trouve le temps court, et légères les peines, en songeant nuit et jour à la gloire du Paradis. Quand je lève les yeux vers le ciel, vers le ciel ma patrie, je voudrais y voler comme une petite colombe blanche. Quand viendra l'heure de la mort, alors je quitterai cette chair douloureuse, l'ennemie de Jésus. J'attends avec joie le dernier passage, j'ai hâte de voir Jésus, mon véritable époux. Aussitôt que mes chaînes seront brisées, je m'élèverai dans les airs comme une alouette. Je passerai la lune pour aller à la gloire, je foulerai aux pieds le soleil et les étoiles. Je serai loin de la terre, cette vallée de larmes; alors je jetterai un regard à mon pays de Basse-Bretagne : Alors je dirai: - Adieu, à toi mon pays, adieu à toi, monde de souffrance et à tes douloureux fardeaux ; Adieu, pauvreté, adieu, affliction, adieu, troubles, adieu, péchés ! Je ne craindrai plus les ruses du malin esprit maintenant que l' heure de ma mort est passée, je ne me perdrai plus. Comme un vaisseau perdu, mon corps m'a conduit ici, malgré le vent, la pluie et le brouillard glacé O trépas, tu es le portier qui m'ouvre le château contre les écueils duquel les flots ont brisé mon navire. - De quelque côté que je me tournerai, tout ce que je verrai remplira mes yeux et mon coeur de mille félicités : Je verrai les portes du paradis ouvertes pour m'attendre, et les saints et les saintes prêts à me recevoir. Je serai reçu dans le palais de la Trinité au milieu d'honneurs et d'harmonies. Et là, en vérité, je verrai Dieu le Père avec son Fils et l'Esprit saint. Je verrai Jésus, d'un air plein de bonté, placer sur mon front une belle couronne. - Vos corps heureux, dira Jésus, étaient des trésors cachés en une terre bénie. Vous êtes en ma cour comme des pieds de rosiers blancs, de lis, ou d'aubépines, dans l'angle d'un jardin ; Vous êtes dans mon paradis comme des rosiers qui perdent leur fleur dans la saison, et fleurissent de nouveau. - Pour de légères souffrances, pour de courtes angoisses, nous serons bien payés par Dieu, notre véritable père. Elle sera belle à voir, la Vierge bénie, avec les douze étoiles qui forment sa couronne. Nous verrons aussi les légions des archanges, qui chantent les louanges de Dieu, chacun une harpe à la main, Nous verrons encore, pleins de gloire et de grace, nos pères, nos mères, nos frères, les hommes de notre pays; Des vierges de tout âge, des saintes de toute condition, des femmes, des veuves couronnées par Dieu. Des choeurs de petits anges portés sur leurs petites ailes si gentils et si roses voltigeront au-dessus de nos têtes ; Voltigeront au-dessus de nos têtes, comme un essaim d'abeilles harmonieuses et embaumées dans un champ de fleurs. O bonheur sans pareil ! en pensant à vous, je vous aime ! vous consolez mon coeur dans les peines de cette vie !
SourceParoles du "Barzaz Breiz" Musique et arrangements dans "Trente chansons populaires de Basse-Bretagne", de Bourgault-Ducoudray (1885) |