Evnig a gan er c'hoad huel,
Le sujetARGUMENT ARGUMENT La croix dont il va être question est celle du bord de la route de Quimperlé à Riec. Le jeune Kloarek, auteur de la chanson qui en parle, était de cette dernière paroisse, et renonça à la robe noire pour reprendre, comme on dit, l'habit blanchi de farine; son père en effet était meunier du marquis de Pontcallec et avait son moulin sur un cours d'eau, non loin du manoir seigneurial : il rimait force zônes en piquant sa meule, et peut-être faut-il lui attribuer la belle élégie de son seigneur. Quoi qu'il en soit, la pièce suivante est digne du même poëte, j'allais dire du chantre de Laure. TRADUCTION Un petit oiseau chante au grand bois ; jaunes sont ses petites ailes, son coeur rouge, sa tête bleue ; un petit oiseau chante à la cime du grand arbre. Il est descendu de bien bonne heure sur le bord de notre foyer, comme je disais mes prières ; - Bon petit oiseau, que cherchez-vous ? - Il m'a tenu autant de doux propos qu'il y a de roses dans le buisson - Prenez une compagne, mon ami, qui réjouisse votre coeur. - J'ai vu près de la croix du chemin, lundi, une jeune fille belle comme les saints ; dimanche j'irai à la messe, et je la reverrai sur la place. Ses yeux sont plus clairs que l'eau dans un verre ; ses dents blanches et pures, plus brillantes que des perles; Et ses mains et ses joues fraîches, sont plus blanches que le lait dans le vase noir ; oui, si vous la voyiez, doux ami, elle charmerait votre coeur. Quand j'aurais autant de mille écus qu'en a le marquis de Pontcallec; quand j'aurais une mine d'or, sans la jeune fille, je serais pauvre. Quand même il croîtrait au seuil de ma porte, au lieu de fougère verte, des fleurs d'or ; quand j'en aurais plein mon courtil, peu m'importerait sans ma douce. Chaque chose a sa loi nécessaire: l'eau coule de la fontaine, l'eau descend au creux du vallon ; le feu s'élève et monte au ciel ; La colombe demande un petit nid bien clos, le corps la tombe, l'âme le paradis, et moi votre coeur, chère amie. J'irai tous les lundis matin, sur mes deux genoux, à la croix du chemin; j'irai à la croix nouvelle, en l'honneur de ma bien-aimée
SourceExtrait du "Barzhaz Breizh", le premier grand recueil de chansons bretonnes, publié en 1839 par Hersart de la Villemarqué |