Lezobre ha Morian ar Roue (1)
Les Aubrays et le More du Roi (1)
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I
'Tre Koat-ar-Skevel ha Lezobre
A zo zavet ur gombat newe; (bis)
Ar re-ze deuz zavet ur gombat,
Doue da reï d'ez-he kombat vad ! (bis)
Doue da reï d'ez-he kombat vad,
Ha d'ho zud er ger kezelou mad ! (bis)
Markiz Lezobre a lavare
D'he baj-bihan, un dez a oe :
- Dibres-te d'in-me ma inkane,
Ma ez inn da ober ur bale;
Laka ur brid arc'hant en he benn,
Hag un dibr alaouret war he gein ;
Hag un dibr alaouret war he gein,
Houarn he daou-droad en aour-melenn ;
En aour melenn vezo houarnet,
Wit mont da Zantes-Anna Vened. -
II
Ann aotro Lezobre a lare,
En Zantes-Anna pa arrue :
- Demad, itron santes Anna Vened,
Me zo deut iaouankik d'ho kwelet;
N'am euz ket tric'houec'h vloaz achuet,
Hag en tric'houec'h kombat ez on bet ;
Hag ho zric'houec'h am euz goneet,
Dre ho kraz Santes Anna Vened ;
Grit d'in c'hoaz gonit ann naontekvet,
Ha me a rei dac'h hanter-kant skoed;
Ia, hanter-kant skoed en arc'hant gwenn,
Hab ur c'hement-all en aour-melenn ;
Ha c'hoaz a rinn dac'h un donezon
A vezo kaer da dez ho pardon ;
Me a roïo dac'h ur groaz aour-finn,
Ar c'haera vezo en foar Kintinn ;
Me a roïo dac'h un tabernek
Hag ur zakramant holl alaouret ;
Ouspenn a rinn dac'h ur groaz arc'hant,
Hag un esensouer hag ul lamp ;
C'hoaz a roïnn dac'h ur baniel-gwenn,
A vo seiz kloc'h arc'hant ouz he benn ;
A vo seiz kloc'h arc'hant ouz he benn
Hag un troad balenn wit hen dougenn;
Habillamant wit ho seiz aoter,
Hag un oferenn-bred bep gwener :
C'hoaz a roïnn dac'h ur c'houriz koar,
Hag a raïo ter zro d'ho mogoar ;
A raïo ter zro en dro d'ho ti,
Ha dont da skoulmo d'ar marchepi. -
Na oa ket he c'hir peur-lavaret,
Ma komzaz santes Anna Vened :
- Kerz d'ar gombat, 'me-z-hi, Lezobre,
Me a vo eno kerkent ha te. -
III
'Nn aotro Koat-ar-Skevel 'c'houlenne
Digant Lezobre, un dez a oe :
- Demad larann dide, Lezobre;
Da unan out-te deut d'ann arme? -
- N'euz deut nemet-on da gombati,
Nemet ma fajik bihan ha mi;
Nemet ma fajik bihan ha mi,
Ha Doue hag ar Werc'hes Vari ;
Ar Werc'hes Vari benniget,
Hag 'nn itron santes Anna Vened ! -
- Lizeriou am euz digant ar roue,
Na ewit da laza, Lezobre. -
- Mar 'c'h euz lizeriou digant ar roue,
Roït d'inn, ma lenninn ann ez-he. -
- Distera zoudard ' zo em bandenn,
N'ho rofe ket da ur seurt azenn ! -
- Wit mar d'on-me azenn, a dra-sur,
Me na onn ket, azenn dre natur;
Me na on ket azenn dre natur,
Ma zad a lareur oa un den fur. -
- Kent wit ma 'z i-te euz al lec'h-me,
Me ouïo hag eo gwir kement-se. -
Na oa ket ar gir peurlavaret,
Koat-ar-Skevel hen euz douaret;
Koat-ar-Skevel hen euz douaret,
Hag hanter-kant euz he zoudarded.
He baj bihan a zo en tu-all,
A ra iwe mui, pe gement-all.
Koat-ar-Skevel a lavare
Da varkiz Lezobre eno neuze :
- Te skrivfe ewit-on ul lizer,
Da gass d'am fried, a zo er ger ?
Da gass d'am fried, d'am bugale,
Da laret 'vo marw ho zad en arme ?
Rag ma bugale ve disenoret
'Klewet vo ganid 'm bo kombatet;
'Klewet vo ganid 'm bo kombatet,
Na p'am euz-me ar gombat kollet ! --
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I
Entre Koat-ar-Skevel et Lezobre ,
S'est élevé un combat nouveau;
Ceux-là ont élevé un combat,
Que Dieu leur donne bon combat !
Que Dieu leur donne bon combat,
Et à leurs parents, à la maison, bonne nouvelle!
Le marquis de Lezobre disait,
Un jour, à son petit page :
- Selle-moi ma haquenée,
Que j'aille faire une promenade;
Mets-lui une bride d'argent en tête,
Et une selle dorée sur le dos;
Et une selle dorée sur le dos,
Aux deux pieds des fers d'or jaune;
Elle sera ferrée d'or jaune,
Pour aller à Sainte-Anne de Vannes. (2) -
II
Le seigneur Lezobre disait,
En arrivant à Sainte-Anne :
- Bonjour, madame sainte Anne,
Je suis venu bien jeune vous voir;
Je n'ai pas dix-huit ans accomplis
Et pourtant j'ai pris part à dix-huit combats;
Et je les ai tous gagnés,
Grâces à vous, sainte Anne de Vannes;
Faites-moi encore gagner le dix-neuvième,
Et je vous donnerai cinquante écus;
Oui, cinquante écus, en argent blanc,
Et autant en or jaune;
Je vous ferai de plus un présent,
Qui sera beau le jour de votre pardon ;
Je vous donnerai une croix d'or fin,
La plus belle qui sera à la foire de Quintin;
Je vous donnerai un tabernacle (un dai),
Et un sacrement (ostensoir) tout d'or;
Je vous donnerai encore une croix d'argent,
Avec un encensoir et une lampe;
Je vous donnerai encore une bannière blanche,
Avec sept clochettes d'argent à son extrémité;
Avec sept clochettes d'argent à son extrémité,
Et une tige de baleine pour la porter;
Garnitures pour vos sept autels,
Et une grande messe chaque vendredi :
Je vous donnerai encore une ceinture de cire
Qui fera trois tours à votre muraille;
Qui fera trois fois le tour de votre maison,
Et viendra se nouer sur le marchepied (de l'autel). -
Il n'avait pas fini de parler,
Que sainte Anne de Vannes prit la parole :
- Va au combat, dit-elle, Les Aubrays,
Je serai là aussitôt que toi! -
III
Le seigneur de Koat-ar-Skevel demandait,
Un jour, à Les Aubrays :
- Je te souhaite le bonjour, Les Aubrays ;
Es-tu venu seul au combat? -
- Il n'est venu que moi pour combattre,
Il n'est venu que mon petit page et moi;
Il n'est venu que mon petit page et moi,
Et Dieu et la Vierge Marie;
La Vierge Marie bénie,
Et madame sainte Anne de Vannes! -
- J'ai des lettres de la part du roi,
Pour te tuer, Les Aubrays. -
- Si vous avez des lettres de la part du roi,
Donnez-les moi, pour que je les lise. -
- Le moindre soldat de ma troupe
Ne les donnerait pas à un âne comme toi! -
- Si je suis âne, bien certainement,
Je ne suis pas âne de nature;
Je ne suis pas âne de nature,
Mon père était, dit-on, un homme sage. -
- Avant que tu t'en ailles de là,
Je saurai si cela est vrai. -
Il n'avait pas fini de parler,
Qu'il a étendu Koat-ar-Skevel à terre;
Il a étendu Koat-ar-Skevel à terre,
Ainsi que cinquante de ses soldats.
Son petit page est de l'autre côté,
Et en fait autant, ou davantage.
Koat-ar-Skevel disait
Au marquis de Les Aubrays, en ce moment :
- Voudrais-tu m'écrire une lettre,
Pour l'envoyer à ma femme, qui est à la maison?
Pour l'envoyer à ma femme et à mes enfants,
Pour leur dire que leur père sera mort à l'armée ?
Car mes enfants seraient déshonorés,
S'ils apprenaient que c'est contre toi que j'ai combattu;
S'ils apprenaient que c'est contre toi que j'ai combattu,
Puisque j'ai perdu le combat! -
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Le sujet
Voir la traduction
Notes de Luzel
(1) Les Aubrays, nom d'une seigneurie de la maison de Retz, apportée en
mariage, en 1455, à Rolland de Lannion, par Guyonne de Grezy, dame des Aubrays.
(2) Sainte-Anne d'Auray.
Autres notes dans
la 3ème version
Source
Paroles extraites des "Gwerziou Breiz-Izel", de François-Marie Luzel, publié en 1868
Chanté par Marie DANIEL, commune de Duault
Musique dans "Musiques bretonnes", de Maurice Duhamel. Chanté par Marguerite
Philippe, de Pluzunet, enregistrée par François Vallée
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