Marc'harid Lauranz (1)
Marguerite Laurent (1)
 




I

Tostaït, koz ha iaouank, holl omp oblijet mad,
D'ann Itron zantes Anna, hag iwe d'ar Folgoat,
Balamour d'ur plac'h-iaouank bet tri dez euz ar groug,
Dre 'r c'hraz a zantes Anna na deuz ket bet a zrouk !

Balamour d'ur plac'h iaouank bet tri dez euz 'r potanz,
Dre 'r c'hraz a zantes Anna n' deuz ket bet a ofanz.
Ar c'hloaregik a lare, p'arrue 'tall 'r potanz :
- Penaoz a ra da galon, Marc'haridik Lauranz? -

- Na t'euz ezom, c'hloaregik, da bedi gant m' ine,
Me ' zo ken dispoz aman evel ma 'z oud aze ;
Me ' zo ken dispoz aman evel ma 'z oud aze,
Met sepet, kloaregik, n'am euz ket liberte.

Ma c'halon a zo dispoz, bepred en meulodi,
Dre 'r c'hraz a zantes Anna hag ar Werc'hes Vari :
Nemet kerz te, kloaregik, kerz brema d'ann noblanz,
Da lakad ma distaga d'ann traon euz ar potanz. -

II

Ar c'hloaregik a lare, p'arrue en noblanz :
- Me 'zo o tont a zisput a gichenn ar potanz ;
Me 'zo o tont a zisput a gichenn ar potanz,
Na gant ma muia karet, Marc'haridik Lauranz. -

- Ro peuc'h, ro peuc'h, eme-z-han, c'hloaregik ar gaouiet,
N'oufenn bikenn da gredi, o nann, bikenn er-bed !
Mar kanfe 'r c'habon rostet 'zo aze war ar plad,
Me a gredfe, marteze, kloaregik ar gaouiad ! -

Na oa ket ar gir gant-han c'hoas peurlavaret mad,
Ma kan ar c'habon rostet, a vouez sklezr, war ar plad ;
Ma kan ar c'habon rostet war ar plad, a vouez sklezr ;
Neuze-vad a oa kredet kloaregik ar gewier.

Ar Senechal a lare d'he baotr ar marchosi :
- Dibr d'in me ma inkane, ro d'ez-han kerc'h d' zibri ;
Dibr d'in me ma inkane, hag hen dibr-han timad,
Wit ma 'z inn da chaseal, d'ober un dro d'ar c'hoad ! -


III

Ar Senechal a lare, p'arrue 'tall 'r potanz
- Penaoz a ra ho kalon, Marc'haridik Lauranz ? -
- Ma c'halon a zo dispoz, bepred en meulodi ,
Dre 'r c'hraz a zantes Anna hag ar Verc'hes Vari. -

- Diskennit, Marc'haridik, ha deut ganin d'am zi,
Me lako ma c'heginer d'avan d'ac'h dijuni ;
Keit ma vefet en buhez, m'ho ped da chomm ganin,
Ha me ho graïo ouzpenn gouarneres em zi. -

- Wit fete tam na zebrann, na banne na evann,
Ken a vinn bet er Folgoat hag en Zantes-Anna. -
- Deut ganin, Marc'haridik, war lost ma inkane,
Me ho kasso d'ar Folgoat, d' Zantes-Anna iwe. -

- Na inn ket war inkane, nag iwe ma daou-droad,
Nemet war ma daoulin noaz mar gell ma c'halon pad. -
Ken buhan hag inkane 'vije mibinn a droad,
Ez ia sur Marc'haridik etrezeg ar Folgoat.

Ha p'arru Marc'haridik en bered ar Folgoat,
Weleur roudou hi daoulin er mein-bez, dre ar gwad ;
Weleur roudou hi daoulin, dre 'r gwad, war ar mein-be,
Euruz ar feumeulenn a ielo di goude !

Marc'haridik a lare, en iliz ar Folgoat :
- Bet on en Zantes-Anna, brema 'z on er Folgoat ;
Bet on en Zantes-Anna, brema 'z on er Folgoat,
Achu eo ma finijenn, me n'on ket bet ingrat !

- Etre chapel sant Lauranz, hag hini zant Nikolaz
Eo achuet hi buhe gant Marc'harit Lauranz !
I

Approchez, jeunes et vieux, tous nous sommes les obligés
De madame sainte Anne, et aussi du Folgoat,
A cause d'une jeune fille qui, ayant été trois jours à la potence,
Grâce à sainte Anne, n'a pas eu de mal !

A cause d'une jeune fille qui a été trois jours à la potence,
Et, grâce à sainte Anne, n'a pas eu d'offense.
Le jeune clerc disait, en arrivant auprès de la potence :
- Comment est ton cœur, Marguerite Laurent ? -

- Tu n'as pas besoin, cher clerc, de prier pour mon âme,
Je suis aussi à l'aise ici que tu l'es là;
Je suis aussi à l'aise que toi là,
Excepté, clerc chéri, que je n'ai pas ma liberté.

Mon coeur est dispos, toujours en adoration,
Grâce à sainte Anne et à la Vierge Marie :
Cependant va, cher clerc, vas au manoir,
Pour me faire détacher de la potence. -

II

Le jeune clerc disait, en arrivant au manoir :
- Je viens de faire la conversation auprès de la potence ;
Je viens de faire la conversation auprès de la potence,
Avec ma bien-aimée, Marguerite Laurent. -

- Tais-toi, tais-toi, clerc menteur,
Je ne saurais jamais te croire, oh ! non, jamais au monde !
Si chantait le chapon rôti que voilà sur ce plat,
Alors je te croirais peut-être, ô clerc menteur ! -

Il n'avait pas encore tout à fait prononcé ces mots,
Que le chapon rôti chanta, d'une voix claire, sur le plat ;
Que le chapon rôti chanta sur le plat d'une voix claire ;
Et alors on crut le clerc aux mensonges.

Le Maréchal disait à son garçon d'écurie :
- Selle-moi ma haquenée et donne-lui de l'avoine à manger ;
Selle-moi ma haquenée, et selle-là sur le champ,
Que j'aille chasser, faire un tour au bois ! -


III

Le Sénéchal disait, en arrivant près de la potence :
- Comment est votre coeur, Marguerite Laurent? -
- Mon coeur à moi est dispos, toujours en adoration,
Grâce à sainte Anne et à la Vierge Marie.

- Descendez, Marguerite, et venez avec moi dans ma maison,
Je vous ferai préparer à déjeuner par mon cuisinler ;
Pendant que vous serez en vie, je vous prie de rester avec moi,
Et je vous ferai de plus gouvernante dans ma maison. -

- Pour aujourd'hui, je ne mangerai ni ne boirai,
Jusqu'à ce que j'aie été au Folgoat et à Sainte-Anne. -
- Venez avec moi, Marguerite, sur la croupe de ma haquenée,
Je vous conduirai au Folgoat et aussi à Sainte-Anne. -

- Je n'irai ni sur haquenée, ni aussi sur mes deux pieds,
Mais sur mes genoux nus, si mon coeur peut résister.
- Aussi vite qu'une haquenée aux pieds légers,
Va Marguerite vers le Folgoat.

Et quand Marguerite arriva dans le cimetière du Folgoat,
On voyait les traces de ses genoux sur les pierres tombales, par le sang ;
On voyait les traces de ses genoux, par le sang, sur les pierres
Heureuse la femme qui y ira après elle ! [ tombales,

Marguerite disait, dans l'église du Folgoat :
- J'ai été à Sainte-Anne, me voici à présent au Folgoat;
J'ai été à Sainte-Anne, me voici à présent au Folgoat,
Ma pénitence est finie, je n'ai pas été ingrate ! -

Entre la chapelle de saint Laurent et celle de saint Nicolas,
Marguerite Laurent a terminé sa vie !



Le sujet


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Source

Paroles extraites des "Gwerziou Breiz-Izel", de François-Marie Luzel, publié en 1868
Chanté par Marie-Anne Le Noan, vieille mendiante, commune de Douault
Musique dans "Musiques bretonnes", de Maurice Duhamel ; air recueilli auprès de Mme Queneder, de Carhaix