I
Selaouet holl hag a klewfet
Ur werz 'zo a-newez savet;
Ur werz 'zo a-newez savet,
Da Vari Gelenn ez e gret.
Da Vari Gelenn ez e gret,
A deuz hi mamm-baour dioueret
Hi zad hen euz hi debauchet
Da vonet gant-han da gousket.
Seiz bloas eo bet gant-han 'kousket,
Seiz bugel 'nn ez-han deuz ganet.
II
Na Kelenn-goz a lavare
D'he verc'h Mari, un de a oe :
- En bourk Burtul 'zo ur retret,
Me ho ped, Mari, da vonet;
Me ho ped, Mari, da vonet,
Marteze a vefet zalwet;
Marteze a vefet zalwet,
Rag ewit-on-me na vinn ket. -
Mari Gelenn, vel ma klewaz,
Da wisko hi dillad a ieaz ;
Da wisko hi dillad eo et,
Da vont da Vurtul d'ar retret.
Mari Gelenn a lavare,
En bourk Burtul pa arrue :
- Ez ian da vonet d'ann daoulin
Dirak Jezuz, ma mestr divin;
Hag a-rok mont da govesat,
Ma c'houllinn pardon wit ma zad. -
Mari Gelenn a ia brema
Da goves gant ar joaüsa.
Da zeiz belek deuz kovesed,
Hep kahoud absolvenn er-bed;
Hini ann-ezhi n'absolvje,
Rag ma lavar ar wirione.
Pa oa gant ann hent o tonet,
Ur belek iaouank deuz kavet :
- Mari Gelenn, din leveret,
Pelec'h er giz-ze m'a 'z oc'h bet ?
Rag bet ez oc'h un tu-bennag,
Pa 'ma 'nn dour war ho taoulagad? -
- Bet 'on 'n bourk Burtul, er retret,
Da zeiz belek 'm euz kovesaet :
Da zeiz belek 'm euz kovesaet,
Met hep kahoud absolvenn 'bed. -
- Mari Gelenn, deut war-ho-c'hiz,
Wit ma 'z aimb hon daou d'ann iliz. -
Hema 'zo ur belek iaouank,
Hen euz gant-hi nec'h ha tourmant.
Bars ann iliz p'eo arruet,
Da Vari Gelenn 'n euz laret :
- Mari Gelenn, kovesaët,
Ha na nac'het pec'het er-bed. -
- Ar c'henta bugel a c'hanis,
En krafenn ann tan hen pakis;
En krafenn 'nn tan 'm oa-han paket,
Ha ma zad a zo din kiriek.
Hag ann eil bugel a c'hanis,
Endann ann oaled hen plantis,
Ha ma zad a oe din kiriek,
Grit ho polante em andret ;
Grit ho polante em andret,
Pa ve 'n tan larfac'h din monet ! (2)
- Mari Gelenn, deportet c'hoas,
Ma torchinn 'r gliz war ma bizaj;
Ma torchinn 'r gliz war ma bizaj,
Wit ma c'halon 'zo fatig-braz! -
- 'R bevare bugel a c'hanis,
Bars en leur-ann-ti hen plantis
En leur-ann-ti 'm euz-han plantet,
Ha ma zad a zo din kiriek.
Ar bempvet bugel a c'hanis,
Endann troad ann daol en plantis;
Ar c'houec'hvet bugel a c'hanis,
Endann ann treuzou hen plantis.
Ar seizvet, gassis d'ar jardin,
Hep biskoas na c'houvezaz den. -
- En han' Doue, deportet c'hoas,
Ma torchnin 'r gliz war ma bizaj;
Ma torchinn 'r gliz war ma bizaj,
Rag ma c'halon 'zo fatig-braz ! -
- Grit ho nolante em andret,
Ma c'hovezion a zo gret. -
- Mari Gelenn, din lavaret,
N'oc'h euz ket un arc'h alc'houezet?
- Eo, du-ma 'zo 'n arc'h alc'houezet.
- En hounnes, Mari, ez iefet.
En hounnes, Mari, ez iefet;
Ha na larfet da den er-bed.
A-benn ur bloa me arruo,
Neuze, Mari, m'ho absolvo. -
III
He-ma 'zo ur belek iaouank
Hen euz gant-hi nec'h ha tourmant
Ha pa oa ar bloa achuet,
Da welet ez e bet deuet.
Ann arc'h pa 'z eo bet digorret,
Netra en-hi na zo kavet,
Met un tamik euz hi c'halon,
Marteze 'vel boed ur graouenn :
Marteze 'vel boed ur graouenn,
Un dra derrupl oa da gomprenn
'N he vouchouar 'n euz-han laket,
Da vourk Bartul gant-han eo et:
Da vourk Burtul gant-han eo et,
War vur 'r vered 'n euz-han laket ;
War vur 'r vered 'n euz-han laket,
D'ofernia wit-hi ez eo et.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Belek bourk Burtul' a lare
D'ann aotro ar Fleur en de-se :
- Mar trec'h 'l mal-bran war ar goulm-wenn,
'Z aï Mari ha te d'ann ifern! -
Dre c'hraz Doue hag ann Drindet,
Ar goulmik-wenn 'deuz gonezet;
Ar goulmik-wenn 'deuz gonezet,
'Nn aotro ar Fleur 'zo delivret!
'Nn aotro ar Fleur 'zo delivret,
Ho daou d'ar baradoz int et.
Et int ho daou dirag Doue,
Ha graz d'imb holl da vont iwe!
Le sujet
MARIE QUELEN.
1
Ecoutez tous et vous entendrez
Un gwerz nouvellement composé;
Un gwerz composé nouvellement,
C'est à Marie Quélen qu'il est fait.
Il est fait à Marie Quelen,
Qui a perdu sa pauvre mère
Son père l'a débauchée
Pour aller coucher avec lui.
Pendant sept ans elle a couché avec lui,
Et elle a donné le jour à sept enfants.
II
Le vieux Quelenn disait
Un jour à sa fille Marie :
- Au bourg de Burtulot il y a une retraite,
Et je vous prie, Marie, d'y aller;
Je vous prie, Marie, d'y aller,
Peut-être serez-vous sauvee ;
Peut-être serez-vous sauvée,
Car pour moi, je ne le serai point
Marie Quelen, sur ces mots,
Alla s'habiller;
Elle est allée s'habiller,
Pour se rendre à la retraite, à Burtulot.
Marie Quelen disait,
En arrivant au bourg de Burtulot
- Je vais me mettre à genoux
Devant Jésus, mon divin maître
Et avant de me confesser,
Je veux lui demander le pardon de mon père.
Marie Quelen va maintenant
Se confesser au plus gai (des prêtres).
Elle s'est confessée à sept prêtres,
Sans recevoir l'absolution;
Aucun ne voulait l'absoudre,
Parce qu'elle disait la vérité.
Comme elle était en route pour s'en retourner,
Elle a rencontré un jeune prêtre
- Marie Quelen, dites-moi,
D'où revenez-vous ainsi ?
Car vous avez été quelque part,
Puisque vous avez encore les larmes aux yeux? -
- J'ai été au bourg de Burtulot, à la retraite,
Et je me suis confessée à sept prêtres;
Je me suis confessée à sept prêtres,
Mais sans avoir l'absolution. -
- Marie Quelen, retournez avec moi,
Et allons tous les deux à l'église. -
Celui-ci est un jeune prêtre
Qui a avec elle souci et peine.
En arrivant dans l'église,
Il a dit à Marie Quelen :
- Marie Quelen, confessez-vous,
Et ne cachez aucun péché. -
- Le premier enfant à qui je donnai le jour,
Je le cachai dans la cendre (1) du foyer;
Je le cachai dans la cendre du foyer,
Et c'est mon père qui en fut la cause.
Le second enfant à qui je donnai le jour,
Je le plantai sous la pierre du foyer;
Et c'est mon père qui en fut la cause,
Disposez de moi à votre gré;
Disposez de moi à votre gré,
Dussiez-vous me condamner au feu ! -
- Marie Quelen, attendez encore,
Laissez-moi essuyer la sueur de mon visage;
Laissez-moi essuyer la sueur de mon visage,
Car mon coeur est prêt de défaillir ! -
- Le quatrième enfant à qui je donnai le jour.
Je le plantai dans l'aire de la maison ;
Dans l'aire de la maison je l'ai planté,
Et c'est mon père qui en fut la cause.
Le cinquième enfant à qui je donnai le jour,
Je le plantai sous le pied de la table.
Le sixième enfant à qui je donnai le jour,
Je le plantai sous le seuil de la porte.
Et le septième, je le portai dans le jardin,
Sans que jamais personne en sût rien. -
- Au nom de Dieu, arrêtez-vous encore,
Pour que j'essuye la sueur de mon visage ;
Pour que j'essuye la sueur de mon visage,
Car mon coeur est prêt de défaillir. -
- Disposez de moi à votre gré,
Car ma confession est faite. -
- Marie Quelen, dites-moi,
Avez-vous une arche fermant à clef? -
- Oui, il y a la maison une arche fermant à clef.
- Vous entrerez dans cette arche, Marie;
Vous entrerez dans cette arche,
Et n'en direz rien à personne au monde.
Au bout d'une année j'arriverai,
Et alors, Marie, je vous absoudrai. -
III
Celui-ci est un jeune prêtre
Qui a avec elle inquiétude et tourment d'esprit;
Et quand l'année fut terminée,
Il se rendit chez elle.
Quand l'arche fut ouverte,
On n'y trouva rien,
Si ce n'est un petit morceau de son coeur,
Grand peut-être comme le coeur d'une noisette
Grand peut-être comme le coeur d'une noisette,
Chose effrayante à penser!
Il le mit dans son mouchoir,
Et le porta au bourg de Burtulot
Il le porta au bourg de Burtulot,
Et le déposa sur le mur du cimetière;
Il le déposa sur le mur du cimetière,
Puis il alla célébrer la messe!
. . . . . . . . . . . . . . .
Le prêtre de Burtulot disait
A monsieur Lafleur, ce jour-là :
- Si le corbeau mâle l'emporte sur la colombe blanche,
Marie et vous vous irez en enfer! -
Grâce à Dieu et à la Sainte-Trinité
C'est la colombe blanche qui l'a emporté
La colombe blanche l'a emporté,
Et monsieur Lafleur est sauvé
Monsieur Lafleur est sauvé,
Et ils sont allés tous les deux en Paradis.
Ils sont allés tous les deux devant Dieu,
Et puissions-nous y aller tous !
Chanté par
(1) Je ne connais pas le mot krafenn que je traduis par cendre.
(2) Il y a sans doute une lacune ici pour le troisième enfant.
NOTE.
Cet épisode du corbeau et de la colombe blanche qui se disputent une âme, est très-commun dans les vieux contes bretons. Voici comment les choses se passent. On place le cercueil qui renferme la dépouille mortelle sur le mur du cimetière. Alors arrivent, de deux points opposés de l'horizon, un corbeau noir et une colombe blanche, qui se mettent aussitôt à le battre à coups d'ailes : la colombe fait son possible pour l'envoyer dans le cimetière, et le corbeau travaille de son mieux à le faire tomber du côté opposé. Si la colombe l'emporte, l'âme est sauvée; si, au contraire, c'est le corbeau, l'enfer possède une âme de plus !
M. G. Milin m'a dit avoir recueilli une version de ce gwerz, qui offre une variante curieuse : au moment de l'ouverture de l'arche, le prêtre y trouve sept petits pourceaux !
Burtulot est un petit bourg dans un pays aride et désolé entre Plougonver et Kergrist-Moëlou (Côtes-du-Nord).
Source
Paroles extraites des "Gwerziou Breiz-Izel", de François-Marie Luzel, publié en 1868
Luzel a recueilli les paroles de cette version auprès de Marie-Anne Lenoan, vieille mendiante, commune de Duault.
Maurice Duhamel, dans ses "Musique Bretonnes", ne donne pas d'air pour cette gwerz
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