War lez ar stêr, he zreid en dour,
Azezet war ar c'hlazenn flour,
Un abardaez, Mona Zaoulas
Oa er prad, dindan ar wern c'hlas
Truezus ha stouet he fenn
Oa ar plac'hig, gant he anken :
An daeroù eus he daoulagad
Steredenne war geot ar prad
War ar skourr, un evnig bihan
Lavaras neuze, dre e gan :
"N' strafuilhuit ket an dour, plac'hig,
Er giz-se gant ho taou droadig
Rak n'hellin mui gwelet va skeud
Na stered an oabl kennebeut :
Selaouit pedenn an evnig,
N' strafuilhuit ket an dour, merc'hig !"
Monig a lavaras neuze
D'an evn a gomze er stumm-se :
"N'az pez doan, an dour strafuilhet
Hep dale pell vez sklaer ha naet
Met, siwazh, en deiz ma teuis
El lec'h-mañ gant Yannig Karis
An hini am eus re garet
A ! neuze ez oa dit lâret :
O ! na strafuilhit ket, Yannig,
Kalon hag ene ur plac'hig
Ne vint ket glan, ne skeudint ket
Ar stered, an heol benniget"
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Au bord de la rivière, les pieds dans l'eau,
Assise sur la douce verdure,
Un soir, Mona Zaoulas
Etait dans le pré, sous les aunes verts
Elle faisait pitié, la tête penchée,
La fillette, tant elle avait de chagrin :
Les larmes de ses yeux
Scintillaient sur l'herbe du pré
Sur la branche, un petit oiseau
Dit alors par son chant :
"Ne troublez pas l'eau, fillette,
De cette façon, avec vos deux petits pieds
Car je ne pourrai plus voir mon ombre
Ni les étoiles dans le ciel non plus :
Ecoutez la prière du petit oiseau,
Ne troublez pas l'eau, petite fille !"
Monig dit alors
A l'oiseau qui parlait ainsi :
"N'aie crainte, l'eau troublée
Sans tarder sera claire et nette
Mais, hélas, le jour où je vins
En ce lieu avec Yannig Karis
Celui que j'ai trop aimé
Ah ! alors tu aurais dû dire :
O ! ne troublez pas, Yannig,
Le coeur et l'âme d'une jeune fille
Ils ne seront pas purs, ils ne brilleront pas,
Les étoiles, le soleil bénis"
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