Pontplancoat (2)
Pontplancoat (2)
Pontplancoat (2)
 




I
- Marc'haridik, ma merc'hik koant,
Komz ho timizin am euz c'hoant,
Ho timizi da Bonplancoat,
A gafann 'zo un intanv mad. -

- Raison, ma mamm e ho klewet,
Oboïssa d'ac'h, 'zo dleet;
Met d' Bonplancoat mar timezann
Adieu da joaïo ar bed-man !

Peder fried Marc'harit 'n euz bet,
Ho feder int bet digoret ;
Ho feder int bet digoret,
Siouas! ha me vo ar bempvet. -

II
Dimezet int hag eureujet,
Ha tri miz hanter e padet,
Ha tri miz hanter e padet
Ar solennite ann euret.

Pa 'z ee Pontplancoat d'ar stadou,
Hen a reseve lizerou ;
Hen a reseve lizerou
« Ez oa ann itron war oenklou :

» Ez oa ann itron war oenklo,
» (Santes Marc'harit d'hi delivro !)
» O klask genell ur mab bihan,
» Mill aoun am euz bikenn n'hen gan ! »

He baj-bihan a lavare
Da Bontplancoat, un dez a oe :
- Glao-puill a ra, duz eo ann noz,
Ma mestrik, eomp da repoz. -

- Fenoz em gwele na gouskann,
Nag en nep-lec'h na repozann ;
Nag en nep-lec'h na repozann,
N'am bo gwelet nep a garann ;

Hag 'vougfe ur marc'h bep-kammed,
Me a renk gwelet ma fried;
Me a renk gwelet ma fried,
Un dra ' zo 'nec'hi ma speret -

III
Ha Pontplancoat a lavare
En-tal he borz pa arrue :
- Petra ' zo ' newez bars ma zi,
Na zeu den da zigori d'in ? -

Ar c'houarneres a lare
Da Bontplancoat eno neuze :
- Newentis 'walc'h a zo er vro,
Hag er parouziou tro-war-dro ;

Newentiz 'walc'h a zo er vro,
Ema 'r Varones war oenklo !
Ema 'r Varones war oenklo,
Santes Marc'harit d'hi delivro ! -

Tri de ha ter nozwez a zo
A-baoue medi war oenklo,
O klask genell ur mab bihan,
Mill aoun am euz bikenn n'hen gan ! -

- Demad, eme-z-hi, ma fried,
Pell-zo bras n'am boa ho kwelet ;
Aba 'm'oc'h et euz ann ti-man,
Me am euz bet gwall-galz a boan !

- Ma friedik, mar am c'haret,
Kasset ho paotr da Sant-Briek,
A-c'hane 'teui da Sant-Ervoan, (1)
Hennes am delivro a boan. -

IV
- Pajik, pajik, ma faj bihan,
Petra 'n euz laret sant Ervoan? -
- Saut Ervoan hen euz laret d'in
E vije red hi digori ;

Laket 'r vill arc'hant 'n hi geno
Hag ann aotenn 'n hi c'hoste deho ;
Hag ann aotenn 'n hi c'hoste deho,
'Kavfet ur mabik hag hen beo. -

- N' lakaï den koutant ma speret,
Pa na ret-c'hui ket ma friet ;
N' lakaï den kontant ma c'halon,
Nemet ma breur, eskop Leon.

Ma friet, skrivet ul lizer
Da eskop Leon 'dont d'ar ger;
Laket war 'n-ez-han war un dro
Digass medesinn war ma zro;

Digass medesinn war ma zro,
Gwell 've koll unan 'wit koll daou;
Gwell 've koll unan badezet
Ewit un all ha na ve ket !

Ma friet paour, mar am c'haret,
Ganin d'ar vratel a teufet;
Ganin d'ar vratel a teufet,
'Wit ma zestamant 'vezo gret. -

Bars ar vratel pa 'z eo digwet,
Ur bouket d'ez-han d'euz roet,
Ur houket gret a dri seurt plant,
Chagrin, melkoni ha tourmant.

- Ma friedik, mar dimezet,
Dimezelled n' gommerret ket,
Kommerret merc'h un ozac'h-mad,
A vo kustum da dravellad.

Gwella buc'h-leaz a zo em zi,
D'am mates vihan roët-hi ;
Roët-hi d'am mates vihan,
'Deuz bet ganin-me kals a boan;

D' 'r servijerienn-all pep a louis-aour,
M'ho do sonj ar Varones paour! -

- Kourajet, kourajet, m' friet,
Arru' ann noblans d'ho kwelet ;
Arru ma breur 'nn impalaër,
Ha merc'h ar roue da gommer, -

- Digoret frank ann orojou,
Ma welinn o tont ma Ankou :
Digoret frank dor ar geginn,
Ma welinn tout ar medesinn !

Un habit wenn euz ar gaera
A brofan da santes Anna,
Har un-all da santes Katell,
Ma vewinn tri de gourle genell. -

V
Pa oant o vont d'hi digori,
'Antreas diou werc'hes en ti,
Diou werc'hes euz ar re gaera,
Ar Werc'hes ha santes Anna :

'Antreas diou werc'hes en ti,
A gelennas hi digori :
- Laket 'r vil-arc'hant 'n hi geno
Ann aotenn 'n hi c'hoste deho ;

Ann aotenn 'n hi c'hoste deho,
'Kavfet ur mabik hag hen beo;
Gret tri c'hraf noazde 'n hi c'hoste,
Gan-imp e teui a-benn tri de ! -

VI
- Baron, savet euz ho kwele,
Ur mab d'ac'h ken kaer hag ann de;
Ur mab d'ac'h ken kaer hag ann de,
Ho pried iac'h war hi gwele ! -

- Me garrie ma mab badezet,
Indann ann douar tregont goured ;
Indann ann douar tregont goured,
Ar vamm hen dougas o kerzet !

Me 'm euz pewar mab en arme,
A 'hell laret en gwirione,
A 'hell en gwirione laret
Biskoas gant mamm n'int bet ganet !

Kanet gant Anna Salik, Plouaret, 1865
I
- Petite Marguerite, ma gentille enfant,
Je veux vous parler de vous marier,
De vous marier à Pontplancoet,
Qui, à mon avis, est un bon veuf. -

Ma mère, il est juste que je vous écoute,
Et je vous dois obéissance;
Mais si je me marie à Pontplancoet,
Adieu aux joies de ce monde!

Il a eu quatre femmes du nom de Marguerite,
Toutes les quatre elles ont été ouvertes;
Toutes les quatre elles ont été ouvertes,
Hélas ! je serai la cinquième. -

II
Les voilà fiancés et mariés,
Et trois mois et demi ont duré.
Et trois mois et demi ont duré
Les solennités de la noce.

Quand Pontplancoet était aux Etats,
Il recevait des lettres;
Il recevait des lettres
(Pour lui dire) « que sa femme était en couches :

» Que sa femme était en couches,
» (Que sainte Marguerite la délivre!)
» Cherchant à donner le jour à un petit fils,
» J'ai mille peurs qu'elle ne le mette pas au monde ! »

Son petit page disait,
Un jour, au seigneur de Pontplancoet :
- Il tombe de la pluie à torrent, la nuit est noire,
Mon maître chéri, allons reposer. -

- De la nuit je ne me coucherai dans mon lit,
Ni ne me reposerai nulle part;
Ni ne me reposerai nulle part,
Que je n'aie. vu celle que j'aime :

Dussé-je crever un cheval à chaque pas,
Il faut que je voie ma femme;
Il faut que je voie ma femme,
Je ne sais quoi tourmente mon esprit ! -

III
Et Pontplancoet disait,
En arrivant auprès de la cour (de son manoir) :
- Qu'y a-t-il de nouveau dans ma maison,
Que personne ne vient m'ouvrir? -

La gouvernante disait
A Pontplancoet en ce moment. .
-- Il y a du nouveau assez dans le pays,
Et dans les paroisses environnantes;

Il y a du nouveau assez dans le pays,
La Baronne est en couches !
La Baronne est en couches,
Que sainte Marguerite la délivre !

Voici trois jours et trois nuits
Qu'elle est en peine,
Cherchant à donner le jour à un petit fils,
J'ai mille peurs qu'elle ne le mette jamais au monde ! -

- Bonjour, dit-elle, mon époux,
Il y a bien longtemps que je ne vous ai vu ;
Depuis que vous êtes parti de cette maison,
J'ai éprouvé bien de la peine ! -

- Ma femme chérie, si vous m'aimez,
Envoyez votre valet à Saint-Brieuc,
De là, il viendra à Saint-Yves,
C'est celui-là qui me tirera de peine ! -

IV
- Page, page, mon petit page,
Et qu'a dit saint Yves? -
- Saint Yves m'a dit
Qu'il faudrait l'ouvrir ;

Mettez-lui une bille d'argent dans la bouche,
Et le couteau dans le côté droit
Et le couteau dans le côté droit,
Vous trouverez un petit enfant en vie. -

- Nul ne mettra mon esprit content,
Puisque vous ne le faites, mon époux;
Nul ne rendra mon coeur content,
Si ce n'est mon frère, l'évêque de Léon.

Mon mari, écrivez une lettre
A l'évêque de Léon (pour le prier) de venir à la maison ;
Mettez-y en même temps,
D'amener un médecin pour me voir;

D'amener un médecin pour me voir,
Mieux vaudrait perdre un que perdre deux ;
Mieux vaudrait perdre un qui est baptisé,
Qu'un autre qui ne le serait pas!

Mon pauvre mari, si vous m'aimez,
Vous viendrez avec moi à la tonnelle;
Vous viendrez avec moi à la tonnelle,
Pour que je fasse mon testament. -

Arrivée dans la tonnelle,
Elle lui a donné un bouquet,
Un bouquet fait de trois sortes de plantes,
Chagrin, mélancolie et tourment,

- Mon cher époux, si vous vous remariez,
Ne prenez pas une demoiselle,
Prenez la fille d'un bon père de famille,
Qui sera habituée au travail.

La meilleure vache à lait qui est dans ma maison,
Donnez-la à ma petite servante ;
Donnez-la à ma petite servante,
Qui a eu beaucoup de mal avec moi;

Aux autres serviteurs, vous donnerez à chacun un louis d'or,
Pour qu'ils se souviennent de la pauvre Baronne! -

- Du courage, du courage, ma femme,
Voici la noblesse qui vient vous voir ;
Voici mon frère l'empereur,
Et la fille du roi pour marraine ! -

- Ouvrez toutes les portes,
Pour que je voie venir la Mort;
Ouvrez à deux battants la porte de la cuisine,
Que je voie venir le médecin !

Une robe blanche des plus belles
J'offre à sainte Anne,
Et une autre à sainte Catherine.
Pour que je vive trois jours après avoir enfanté. -

V
Au montent où l'on s'apprêtait à l'ouvrir,
Deux vierges entrèrent dans la maison,
Deux vierges des plus belles,
La Sainte-Vierge et sainte Anne.

Deux vierges entrèrent dans la maison.
Qui donnèrent des conseils pour l'ouvrir :
- Mettez-lui la bille d'argent dans la bouche,
Et le couteau dans le côte droit

Le couteau dans le côté droit,
Vous y trouverez un petit enfant en vie
Faites-lui trois coutures d'aiguille dans le côté,
Elle viendra avec nous au bout de trois jours ! -

VI
- Baron, quittez votre lit,
Vous avez un fils beau comme le jour;
Vous avez un fils beau comme le jour,
Et votre femme est bien portante dans son lit. -

- Je voudrais voir mon fils baptisé,
Et qu'il fut sous terre à trente brasses ;
Qu'il fut sous terre à trente brasses,
Et la mère qui le porta sur pied !

J'ai quatre fils à l'armée,
Et ils peuvent dire en toute vérité
Ils peuvent dire en toute vérité
Qu'ils n'ont pas été mis au monde par leurs mères !

Chanté par Anna Salic. Plouaret, 1865



Le sujet


Voir la traduction

Notes de Luzel


(1) D'autres versions portent : sant Diboan le saint qui guérit de tous les maux. C'est, m'a-t-on dit, saint Alibon, qui a une chapelle à Plévin, canton de Maël-Carhaix (Côtes-du -Nord).

Partition dans le recueil Musiques bretonnes de Maurice Duhamel. Il s'agit de la deuxième version, chantée par Maryvonne Nicol, de Plouguiel. Je la mets avec la deuxième version de Luzel, mais rien n'indique que les versions correspondent (du reste le texte donné par Duhamel dans cette version ne se trouve dans aucune des versions de Luzel)