Silvestrig (1)
Silvestric (1)
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I
Me 'm euz ur mab Silvestrik, ha n'am euz nemet-han,
Hag 'n euz bet hardison da zont d'am glac'haran ;
Bet 'n euz ann hardieges da vont a-rok he benn,
Ema zoudart en arme, dirag he gabitenn.
Me 'm euz bet ar vadeles da vonet d'hen goulenn,
Dirag kalz tud-a-feson, digant he gabitenn.
Ar c'habitenn, p'am gwelaz, a chommaz saouezet :
- Ganac'h-c'hui, den ansienn, me a zo saouezet !
Lemel digant ar roue 'sonjoc'h he zoudarded ?
Touchet hen euz paeamant, ambarkin a zo red. -
- Lavaret d'in, kabitenn, pegement eo koustet,
Ha m'am euz arc'hant 'walc'h, a vezo rambourset. -
- Hag ho pe pemp kant skoed, n'ho pe ket ann-ez-han,
Rag n'euz soudart er vandenn a blij d'in evel-t-han. -
II
Pa oann-me en Roz-Julou em gwele kousket-mad,
Me 'glewe merc'hed 'r Roudour o kana zon ma mab.
Ha me 'treï euz ar voger, hag o komanz goela :
Aotro Doue, Silvestrik pe-lec'h out-te brema ?
Marteze te 'zo maro pemp kant lew diouz-in
Taolet da eskernigou d'ar pesked da zibri !
Taolet da eskernigou da zibri d'ar pesked,
Ma vijent ganin brema, me 'm boa ho briated !
Me 'm euz un evnik bihan du-man, en toul ma dor,
Bars-e-kreiz tre daou vean, en un toul ar vogor;
Bars-e-kreiz tre daou vean, en un toul ar vogor,
Tromplet eo ma speret, mar n'ema ket en gor.
Mar deu d'am evn da zevel, da ober bloaves-mad,
Me a lako ma evnik d' vont da welet ma mab.
- Oh ! ia, skrivet ho lizer, denik-koz, pa garfet,
Me a zo prest d'hen dougenn raktal en ho reket. -
Pa oa skrivet al lizer, laket d'ann evn 'n he vek,
Etrezeg Metz-sant-Lauranz gant-han 'z eo partiet...
- Arretet-c'hui, Silvestrik, lennet al lizer-ma,
A zo digasset d'ac'h-c'hui gant ho tad 'zo duma. -
- Diskennet, evnik bihan da vordik ann ablestr, (3)
Ma skrivinn d'ac'h ul lizer da gass d'am zad d'ar ger;
Ma skrivinn d'ac'h ul lizer ewit laret d'ez-han
Barz pemzek dez a hidu me em gavo gant-han..... -
III
- Bonjour d'ac'h, evnik bihan, brema pa 'z oc'h c'hui bet;
Hah hen 'zo iac'h Silvestrik, mar ho euz-han gwelet? -
- Ia, iac'h ez eo Silvestrik, komzet am euz gant-han,
Bars pemzek dez a hidu, en em gavo aman..... -
Pa oa ann tad glac'haret ho ober he ganvou,
Ez oa he vab Silvestrik 'n toul ann or o selaou :
- Tawet, tawet, eme-z-han, tad a volonte-vad,
Na skuillet ken a zaelou, setu aman ho mab;
Na skuillet ken a zaelou, setu aman ho mab,
O tizreï euz ann arme, ma fardonet, ma zad :
Dalit c'hui ma c'horn-butun ha ma ziou bistolenn,
Ar re-ze a roann d'ac'h ewit ho pinijenn ;
Ewit ma c'hallfet laret ho po maget ur mab
Ewit ho glac'hari : ma fardonet, ma zad. -
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I
J'ai un fils Sylvestre, et je n'ai que lui,
Et il a eu la hardiesse de venir m'affliger;
Il a eu la hardiesse d'aller au-devant de sa tête, (1)
Il est soldat dans l'armée, devant son capitaine.
J'ai eu la bonté d'aller le demander,
Devant beaucoup de gens honorables, à son capitaine.
Le capitaine, quand il me vit, resta étonné;
- Par vous, vieillard (dit-il), je suis étonné :
Vous pensez enlever au roi ses soldats?
Il a touché son payement, (2) il faut qu'il s'embarque. -
- Dites-moi, capitaine, combien il a coûté,
Et si j'ai assez d'argent, il sera remboursé. -
- Vous auriez cinq cents écus, que vous ne l'auriez pas,
Car il n'y a pas dans la compagnie de soldat qui me plaise autant que lui. -
II
Quand j'étais à Roz-Julou, dans mon lit, bien couché,
J'entendais les filles du Roudour chanter la chanson de mon fils.
Et moi de me tourner du côté du mur et de commencer à pleurer :
Seigneur Dieu! Sylvestre chéri, où es-tu à présent?
Peut-être es-tu mort à cinq cents lieues de moi,
Tes chers os jetés aux poissons à manger!
Tes chers os jetés à manger aux poissons,
Si je les avais maintenant, je les embrasserais.
J'ai un petit oiseau, ici, près le seuil de ma porte,
Entre deux pierres, dans un trou du mur;
Entre deux pierres, dans un trou du mur,
Et je me trompe s'il n'est pas à couver.
Si mon oiseau vient à lever (faire éclore), à faire bonne année,
Je ferai que mon oiseau chéri aille voir mon fils.
- Oh ! oui, écrivez-lui votre lettre, cher vieillard, quand vous voudrez,
Je suis prêt à la porter tout de suite, à votre requête. -
Quand la lettre fut écrite, mise à l'oiseau dans le bec,
Vers Metz en Lorraine avec lui elle partit.....
- Arrêtez-vous, cher Sylvestre, lisez cette lettre-ci,
Qui vous est envoyée par votre père, qui est chez nous. -
-- Descendez, petit oiseau, au bord de mon navire (?)
Que je vous écrive une lettre à porter à mon père à la maison ;
Que je vous écrive une lettre pour lui dire
Que dans quinze jours, à partir d'aujourd'hui, je me trouverai auprès de lui..... -
III
- Bonjour à vous, petit oiseau, à présent que vous êtes revenu;
Mon cher Sylvestre est-il bien portant, si vous l'avez vu? -
-- Oui, Sylvestre se porte bien, je lui ai parlé,
Dans quinze jours, à partir d'aujourd'hui, il se trouvera ici... -
Pendant que le père affligé se lamentait,
Son fils chéri Sylvestre était au seuil de la porte à l'écouter.
- Taisez-vous, taisez-vous, dit-il, père de bonne volonté,
Ne versez plus de larmes, voici votre fils.
Ne versez plus de larmes, voici votre fils,
Qui revient de l'armée; pardonnez-moi, mon père.
Prenez ma pipe et mes deux pistolets;
Je vous les donne, pour votre pénitence,
Afin que vous ne puissiez dire que vous avez nourri un fils
Pour vous affliger. Pardonnez-moi, mon père! -
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Le sujet
Voir la traduction
Notes de Luzel
(1) Faire un coup de tête.
(2) Sa prime
(3) La chanteuse prononçait ablest, mot inintelligible ; elle devait peut-être dire ma lestr, mon navire. Peut-être aussi le mot ablestr désigne-t-il quelque partie d'un navire, puisque, comme nous l'avons vu au vers 10, Sylvestrik était marin, quoique son père lui envoyât son petit oiseau à Metz en Lorraine.
Source
Paroles extraites des "Gwerziou Breiz-Izel", de François-Marie Luzel, publié
en 1868
Recueilli en la commune de Duault (Côtes-du-Nord).
Musique dans "Musiques bretonnes", de Maurice Duhamel. Chanté par Maryvonne
Bouillonnec, de Tréguier
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