Son al Leur Nevez
La chanson de l'aire neuve
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Ma zud oa aet d'al leur-nevez
Ha me d'o heul d'ar fest ivez
- Son, kloc'h Nizon,
Son, son,
Son, kloc'h Nizon
Son, son !
D'al leur-ne oant aet d'ar maner,
Fae vi'e bet ganin chom er gêr!
- Son, kloc'h Nizon, etc.
Paotred eno na vanke ket,
Na merc'ked koant, - ho - kenneneubet.
Dridal a rae na c'halon
O kle'out ar sonerien son.
Pa welis ur plac'h o tañsal,
Ken drant evel un durzhunall,
He daoulagad evel glizhenn
War ar bleun spern-gwenn, da vintin,
Hag he ker glas evel bleun-lin ;
He dent ker kaer evel mein-fin ;
He neuz ken drant ha ker laouen :
Hag hi mont da sellet ouzhin,
Ha me mont, da sellet outi.
Ha me mont goude d'he fediñ,
D'he fediñ 'vit ur jabadaou,
Ha ni war an dachenn hon-daou !
Tre ma oamp gant an abadenn
Me waske war he dornig gwenn
Hag hi c'hoarzhin, c'hoarzin ken dous,
Hag un ael eus ar barados
Ha me mont da c'hoarzhin outi
Ha ne garen mui nemeti.
Me yelo d'he welet henoazh,
Ur voulouz ganin, hag ur groaz
Ur voulouzenn du hag he c'hroaz,
Prenet e foar Sant-Nikolaz,
Sant-Nicolaz, hor patron bras,
A vo brav war he gougig noazh,
Hag ouzhpenn, ur walenn argant
Da lakaat war he bizig koant,
Da lakaat warnan da vizoù,
Ma soñjo ennon 'wechigoù.
0 tont en-dro a di ma dous,
Digoue'et ganin 'r c'hemener kozh
Ar c'hemener em eus kavet,
Hag ar son-mañ en deus savet.
- Son, kloc'h Nizon, Son, son !
Le sujet
Les miens étaient allés à l'aire neuve; et moi d'aller aussi avec eux, à la fête!
- Sonne, cloche de Nizon, sonne, sonne; sonne, cloche de Nizon, sonne, sonne!
Ils étaient allés à une aire neuve, au manoir; ce n'est pas moi qui serais resté à la maison!
- Sonne, cloche de Nizon, etc.
Les jeunes garçons n'y manquaient point,- sachez-le,- ni les jolies filles non plus.
Mon coeur bondissait d'entendre les ménétriers sonner.
Alors je vis danser une jeune fille. Elle était aussi éveillée qu'une tourterelle;
Ses yeux brillaient comme des gouttes de rosée sur une fleur d'épine blanche, à l'aurore,
Et ils étaient bleus comme la fleur du lin ; ses dents aussi belles que des pierres fines;
Un air vif et joyeux -, et elle de me regarder,
Et moi de la regarder, et moi d'aller, un peu après, l'inviter,
L'inviter pour un jabadao, et nous voilà en danse!
Comme nous dansions,je pressai sa petite main blanche;
Et elle de sourire, de sourire aussi doucement qu'un ange du paradis;
Et moi de lui sourire ; et je n'aime plus qu'elle.
J'irai la voir, ce soir, et lui porterai un velours et une croix,
Un velours noir avec sa croix, que j'ai achetés à la foire de Saint-Nicolas,
De Saint-Nicolas, notre grand patron; cela fera bien sur son petit cou nu;
Et de plus je lui porterai une bague d'argent pour mettre à son joli petit doigt,
Pour passer à son doigt, afin qu'elle pense à moi quelquefois.
En m'en revenant de chez ma douce, le vieux tailleur m'a rencontré;
J'ai rencontré le tailleur, et il a fait cette chanson.
- Sonne, cloche de Nizon, sonne, sonne!
Source
Extrait du "Barzhaz Breizh", le premier grand recueil de chansons bretonnes,
publié en 1839 par Hersart de la Villemarqué
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